Texte méditatif d’entrée

As-tu compté les grains de sable
Sur les bords de la mer ?
As-tu compris le chant des vagues
Au pays des matins clairs ?


Quand tu regardes les étoiles
Au manteau de la nuit
Tu voudrais bien lever le voile
Qui te masque l’infini

Il est si long, le long voyage
Sur un sol inconnu
Il est si loin, l’autre rivage,
Que tu cherches les pieds nus

Comme l’oiseau, loin de la terre
Tu voudrais t’envoler
Vers le soleil, vers la lumière
Dans un ciel de liberté.

As-tu sondé le coeur de l’homme
Au secret de la soif
As-tu creusé jusqu’aux racines
Jusqu’aux sources de la vie ?

Lorsque la mort à tes paupières
Eteindra le soleil
Franchiras-tu toutes frontières
Pour une aube sans sommeil ?

Texte biblique : Matthieu 25, 1-13

« Alors le Royaume des cieux ressemblera à ceci : Dix jeunes filles prennent leurs lampes et elles sortent pour aller à la rencontre du marié. Cinq d’entre elles sont imprudentes et cinq d’entre elles sont sages. Les jeunes filles imprudentes prennent leurs lampes, mais elles n’emportent pas de réserve d’huile. Les jeunes filles sages prennent leurs lampes et elles emportent de l’huile dans des récipients. Le marié ne vient pas tout de suite. Toutes les jeunes filles ont sommeil et elles s’endorment.

« Au milieu de la nuit, on entend un cri : “Voici le marié ! Sortez pour aller à sa rencontre ! » Alors toutes les jeunes filles se réveillent et elles préparent leurs lampes. Les imprudentes disent aux sages : “Nos lampes s’éteignent. Donnez-nous un peu de votre huile.” Mais les sages leur répondent : “Non ! Il n’y en a pas assez pour nous et pour vous. Allez plutôt chez les commerçants et achetez de l’huile pour vous.” Les imprudentes vont donc acheter de l’huile, mais pendant ce temps, le marié arrive. Les jeunes filles qui sont prêtes entrent avec lui dans la salle du mariage, et on ferme la porte. Plus tard, les autres jeunes filles arrivent et elles disent : “Seigneur, Seigneur, ouvre-nous la porte ! ” Mais le marié répond : “Je vous le dis, c’est la vérité : je ne vous connais pas.”  » Et Jésus ajoute : « Restez donc éveillés, parce que vous ne connaissez ni le jour ni l’heure. »

Temps de parole

« Veillez donc car vous ne savez ni le jour, ni l’heure ».

Que de prédications terrifiantes on a pu élaborer à partir de cette toute petite phrase de Matthieu !!! Des générations de prédicateurs – tout ce qu’il y a de plus honnêtes au demeurant, qui voulaient certainement éviter à leurs fidèles un violent réveil lors du Jugement dernier, « pour un plongeon dans le sommeil de la mort éternelle », comme le dit le texte de la cantate – des générations de prédicateurs ont répété cette phrase le doigt levé, avec la conviction que le meilleur moyen pour stimuler la foi, c’est de ficher la trouille !

Aujourd’hui, la plupart de nos contemporains ne croient plus à la notion d’un Jugement dernier. Ce qui ne veut absolument pas dire qu’ils n’ont plus de peurs. Pas du tout ! Mais les peurs sont ailleurs :
•    Peur de l’épuisement des ressources naturelles,
•    Peur du réchauffement climatique
•    Peur des pandémies …

Et beaucoup de chrétiens ne vivent plus dans la terreur du jugement dernier.  Et du même coup, ce qui les touche, les émeut, les bouleverse, dans cette parabole, c’est autre chose.

•    D’abord, l’attitude du marié. Dans un mariage, l’élémentaire courtoisie de l’époux consiste à arriver à l’heure, ou, s’il a du retard, à prévenir !  Finalement, il n’y a pas de raison que les jeunes filles –même celles qui ne sont par particulièrement prévoyantes – fassent les frais du retard de l’époux ! Et si en plus, on nous suggère de voir le Christ derrière l’image de l’époux, cela devient véritablement accablant.  Est-ce que le Christ se comporte ainsi à notre égard ?

•    Autre élément choquant : si l’on regarde du côté des jeunes filles « prévoyantes », les vierges sages, avisées, prudentes, qui ont prévu assez d’huile … est-ce que vous ne les trouvez pas terriblement « punaises » à vouloir ainsi faire la leçon aux autres ? « Non, non, répondent-elles la bouche en cœur, nous ne pouvons pas vous aider, nous n’aurions plus assez d’huile pour nous ».

•    Et alors le comble, c’est lorsque l’époux refuse d’ouvrir sa porte en disant : « Je ne vous connais pas !», alors qu’il est responsable des ennuis de ces jeunes filles.

L’accueil de tous, la solidarité, le partage, voilà les valeurs qu’on s’attend à trouver dans l’Evangile ! Alors que faire d’une parabole qui préconise au contraire le « chacun pour soi » et l’exclusion ?

Face à tant de questions et d’inconséquences, il me semble que la seule solution pour comprendre quelque chose à cette parabole consiste à la replacer dans son contexte.


Veiller sur … ou surveiller

Matthieu est le seul qui nous raconte cette histoire.
Lorsqu’il l’écrit, il pense certainement ses paroissiens, des Juifs qui attendent impatiemment le retour du  Christ. Ils sont même pour la plupart convaincus que le Christ reviendra de leur vivant. Et forts de cette conviction certains ne travaillent plus. Ils ne se marient plus. Ils abandonnent toute responsabilité pour vivre au jour le jour.  Convaincus que tout cela ne veut plus rien dire et que de toutes manière, d’un jour à l’autre, tout va basculer.

A l’époque de Jésus déjà, les disciples se préoccupaient  beaucoup de la fin des temps. Dans le judaïsme, on cherchait à deviner quand surviendrait l‘apocalypse, on scrutait les événements à la recherche de signes précurseurs.
La réponse est claire : « Vous n’en savez rien. Vous ne savez ni le jour ni l’heure : veillez !».  Arrêtez de « surveiller » les signes des temps, mais « veillez ». Très bien … mais « veiller » comment ?

Replacer cette parabole dans son contexte, c’est peut-être aussi voir ce qui précède dans l’Evangile de Matthieu. Ce qui précède immédiatement notre parabole, c’est l’histoire du  serviteur fidèle que le maître, en rentrant, trouve en train de « faire son travail », opposé au serviteur infidèle que le maître, en rentrant, trouve en train de boire avec les ivrognes et de battre les gens de la maisonnée.
Ce qui est loué ici, c’est donc le fait de « faire son travail. » Veiller, c’est faire son travail. C’est accomplir fidèlement sa mission. Une mission qui consiste certainement beaucoup moins de  « surveiller » les « signes des temps » qu’à veiller sur les autres. Exactement ce qu’on trouve, un tout petit peu plus loin dans l’Evangile de Matthieu …

« … j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais étranger et vous m’avez accueilli, … »  Et les justes lui répondront « Mais Seigneur … quand est-ce que nous t’avons vu affamé et que nous t’avons donné à manger ». Et  vous vous souvenez de la conclusion : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un des plus de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ».

Veiller sur … au lieu de surveiller.

Veillez sur … en attendant la fête.

Et veiller sur sans être accablé par cette tâche, sans avoir la tête et le cœur dans le guidon … veiller sur en regardant devant.

Quand il veut parler du Royaume de Dieu, il reprend souvent cette question : « A quoi est-ce que je pourrais bien comparer le Royaume de Dieu …. » ?

Le Royaume de Dieu est comme … du levain, qu’une femme jette dans la pâte
Le Royaume de Dieu est comme … une graine de moutarde …
Et aujourd’hui… c’est comme un mariage.

Une fête ! Le dernier mot de Dieu sur notre avenir, sur l’avenir de l’humanité, n’est pas une catastrophe, mais une fête ! Pour participer à une fête, on s’habille ! Pour participer à la fête du Royaume, on pourrait peut-être, comme le dit le Petit Prince « s’habiller le cœur » … Mache dich mein Geist bereit ».

Amen.

Texte méditatif final

La foi est une aventure

La foi est une aventure où il est question de voyage, d’exode
Un jour, j’ai commencé à quitter le port sécurisant
La religion de mon enfance, avec ses interdits
Son catalogue d’actions à faire pour être un bon chrétien.

Et la foi m’a peu à peu conduit en pleine mer
Là où le vent souffle,
Là où l’homme est à la fois petit et grand
Là où il doit se prendre en main
Devenir responsable de lui.

La foi est affaire de navigateur
De nomade, qui accepte d’être toujours en voyage
En chemin vers quelqu’un
Qui se fait toujours plus proche et plus différent.

Etre croyant, c’est pour moi cheminer vers Dieu
En sachant que toute mon existence
Se passera sur ce chemin.

Si je crois un jour atteindre le port
Être arrivé
C’est qu’à un moment ou à un autre
J’aurai faussé compagnie à Dieu.

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