Accueil
Grâce et paix de la part de Dieu notre Père et de son fils Jésus
Bienvenue à chacune et à chacun dans cette église de Villamont.
Et une bienvenue toute particulière,
Car pétrie de reconnaissance
à vous les musiciens :
instrumentistes et chanteurs,
qui nous offrez ce temps de méditation,
une méditation portée ce soir
par la cantate BWV 93 de J.-S. Bach
» Wer nur den lieben Gott lässt walten «
Texte méditatif
Vient régner sur ma vie, Seigneur Dieu. (Wer nur den lieben Gott lässt walten)
Repose-moi de moi, que je me repose en toi !
Je suis du blé couché par le vent
une bûche délaissée par le feu
une eau filant dans le sable
Repose-moi de moi que je me repose en toi !
Tu es ce peu que je ne saurais dire
le silence dans mes paroles
la parole dans mes silences.
Prends-moi dans ta patience qui guérit mon impatience
enseigne-moi le chemin de la source
que je porte en moi quand je demeure en toi !
Repose-moi de moi, que je me repose en toi !
J.-S. Bach : Choral « Wer nur den lieben Gott lässt walten » BWV 690
Lecture biblique
Pour nous accompagner dans cette cantate écrite pour le 5e dimanche après la Trinité et nous ouvrir au temps de parole, 2 lectures :
1 Pierre 3, 8-15
Soyez tous en parfait accord, sensibles aux autres, pleins d’affection fraternelle, d’une tendre bienveillance, d’humilité.
Ne rendez pas mal pour mal, ni insulte pour insulte ; au contraire, bénissez, car c’est à cela que vous avez été appelés, afin d’hériter une bénédiction.
Qui donc pourra vous faire du mal, si vous vous passionnez pour le bien ?
D’ailleurs quand vous souffririez pour la justice, heureux seriez-vous ! N’ayez aucune crainte et ne soyez pas troublés. Au contraire, sanctifiez dans vos cœurs le Christ votre Seigneur, toujours prêt à la défense contre quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous.
Marc 8, 34
Puis il appela la foule avec ses disciples et leur dit : Si quelqu’un veut me suivre, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive.
Temps de parole
Que nous sert-il de nous lever chaque matin pour faire succéder les gémissements au sommeil et de nous endormir le soir le visage couvert de larmes?
Nous rendons ainsi notre croix plus lourde et nos douleurs plus grandes encore. Voilà pourquoi un chrétien fait bien mieux, lorsqu’il porte sa croix avec sérénité (Récitatif Basse).
Il n’y a pas beaucoup de mots de l’Evangile qui fassent fortune dans notre vie. Le mot lumière ça ne pénètre pas facilement dans notre existence de tous les jours, c’est un mot un eu magique qui va bien pour les fêtes de fin d’année ; le mot pardon c’est dur à faire entrer dans notre vie quotidienne ; même les mots vie ou résurrection restent souvent en marge de nos soucis habituels.
Mais le mot croix, ça c’est un mot bien installé dans notre vie, probablement à cause de l’image extraordinaire qu’elle suggère. Cette croix qui accapare, qui écrase, cette croix qui représente un poids insupportable, cette croix a, au final beaucoup de place dans notre vie.
Mais savons-nous ce que c’est qu’une croix ? Quand nous disons que nous devons porter notre croix, savons-nous vraiment ce que nous portons ?
Il y a des croix en or, que l’on suspend à une chaînette et que l’on porte au cou : est-ce que c’est la même croix que celle que l’on plante au cimetière ? Si la croix n’était que la croix du cimetière est-ce qu’on la porterait au cou ? La croix que l’on trouve au bord de nos chemins de campagnes, dans nos villages, ou sur les sommets de nos montagnes, est-ce que c’est la même croix ? Si la croix n’était qu’un signe de souffrance et de désespoir est-ce qu’on la placerait là où passe notre vie, là où on aime aller ?
Et sur nos sommets aussi il y a souvent une croix. C’est vrai, nous sommes un pays de sommets et de croix ; même sur le Cervin il y a une croix, et cela va nous faire comprendre quelque chose d’important au sujet de la croix.
C’est quoi un sommet ?
Un sommet c’est par définition un point d’où, plus ou moins brusquement, on aperçoit un nouveau versant, un autre horizon, un autre monde. Tant que l’on monte vers le sommet, on est prisonnier d’un des versants de la montagne et l’on n’appartient qu’au monde que l’on peut voir de ce côté de la montagne. Mais arrivé au sommet, on découvre quelque chose qui le plus souvent, est tout à fait différent de ce qui nous est apparu jusqu’alors.
Le sommet c’est un point de démarcation entre deux mondes. Et je crois que la croix, elle a sa place exactement sur ce point, sur la crête, sur le sommet où l’on passe du monde des humains au monde de Dieu. La croix elle-même est imprégnée d’un côté du sang de Jésus-Christ et de l’autre côté de la lumière de Pâques qui a changé le monde.
Il y a un versant sur lequel il y a des choses possibles, comme celles que nous faisons. Et il y a l’autre versant, où commencent les choses de Dieu, ce versant où les choses qui sont impossibles aux hommes deviennent possibles à Dieu.
Pour moi c’est cela la croix ; qu’on la suspende à notre cou, qu’on la plante sur un sommet ou dans une église, au bord du chemin ou au cimetière, elle désigne toujours le point précis où, du versant des humains, on passe sur le versant de Dieu.
Et notre vie suit une ligne de crête : d’un côté on voit le noir de la nuit, et de l’autre la lumière du jour ; on voit le malheur, mais aussi la joie et le bonheur ; on voit la maladie, mais aussi la guérison ; on voit la trahison, mais aussi la réconciliation ; on voit la solitude, mais aussi la communion ; on voit la mort, mais aussi la Vie.
Oui notre vie suit une ligne de crête, et on retrouve ainsi parole de Jésus quand il nous dit : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se charge de sa croix et qu’il me SUIVE ! On croit facilement que la croix c’est quelque chose qui nous écrase et on entend Jésus qui nous dit : Vous allez vous charger de votre croix… Et nous voilà de nouveau en course de montagne.
La croix, comme le sac de montagne, ce n’est pas là pour nous écraser, mais pour nous aider, nous nourrir, nous protéger ! Le montagnard qui prend sur ses épaules un sac lourd, préférerait partir sans son sac.
Seulement voilà c’est dans ce sac qu’il y a la force des heures a venir avec la gourde et la nourriture ; c’est dans ce sac qu’il y a l’habit qui le protégera du froid et de la pluie ; c’est dans et sur ce sac qu’il y a la corde et les mousquetons qui lui éviteront la chute mortelle. Sans son sac, le montagnard est plus léger, mais il est perdu. Sans la croix que Jésus nous invite à porter, nous pourrions nous croire plus léger, plus libre, mais nous serions perdus, sans espérance, sans lumière, et sans vie véritable, sans avenir parce que bloqués sur un seul versant de la montagne, le versant de notre humanité.
Alors non seulement la croix n’est pas faite pour nous écraser sur place, mais en la portant on peut faire mouvement nous dit le Christ : chargez-vous de votre croix et marchez derrière moi, suivez-moi…
Si je porte seulement mon épreuve, mon chagrin, ma maladie, ma mort prochaine… si je porte seulement ça, il y a beaucoup de chances pour que je sois écrasé sur place. Mais si je porte ma croix, alors je porte mon épreuve PLUS l’espérance, mon chagrin PLUS la consolation, la maladie PLUS l’espérance de la guérison, ma mort PLUS l’espérance de la vie éternelle…
Je porte bel et bien ma croix qui, d’un côté est imprégnée du sang du Christ, mais qui de l’autre côté, est transfigurée par la lumière de Pâques. La croix que les hommes ont fabriquée, Dieu l’a transformée, et, à son tour elle transforme nos vies.
Amen
Texte méditatif
Celui qui place en Dieu sa confiance, Dieu ne l’abandonnera pas.
Alors…
Vivre pleinement
dans le renoncement à tout comprendre.
S’incliner devant le mystère
qui est la parabole presque palpable
d’une œuvre inconnaissable.
Ce n’est pas de la désespérance,
mais une très limpide espérance.
On peut s’y désaltérer au long du jour
quand respire soudain la Trace d’une Présence
musique, souffle de Vie
qui passe et qui s’en va
en nous offrant d’inventer la suite !