Texte méditatif d’entrée

Quand Dieu intervient dans l’histoire de l’humanité, c’est pour la réconciliation : JOIE !

Quand Dieu fait alliance avec Noé et, par lui, avec tous les humains, réconciliant ainsi la création avec le Créateur : JOIE !

Quand Dieu, par Moïse, appelle son peuple à la liberté et l’arrache à l’esclavage : JOIE !

Quand Dieu fait se lever des prophétesses et des prophètes pour rétablir le droit des plus petits : JOIE !

Quand Dieu appelle l’être humain à découvrir sa liberté et à marcher sur le chemin de la liberté : JOIE !

Dans la nuit persistante où les peuples marchent difficilement vers ils ne savent quoi,

… deviens lumière dans leurs ténèbres !

Dans l’obscurité de nos relations difficiles avec d’autres êtres humains qui sont différents de nous mais qui sont pourtant des frères quelle que soit leur origine,

… fais lever ta lumière sur nos obscurités !

Toi qui, par les prophètes, as annoncé une terre nouvelle et un ciel nouveau où la paix et la justice règneront,

… viens naître en chacune et en chacun de nous, comme tu es né jadis en Jésus !

VIENS MAINTENANT, SAUVEUR DES ELOIGNES…. Des extérieurs, des étrangers au peuple

Il y a 2700 ans, voici l’annonce prophétique d’Esaïe (9) dans des temps troublés. …

« Le peuple qui marche dans les ténèbres voit une grande lumière !

Sur ceux et celles qui habitent le pays sans espoir, voilà qu’une aurore se lève !

C’est toi, Dieu, qui fais déborder leur allégresse

C’est toi qui fais jaillir la joie !

Oui, ils se réjouissent avec toi comme on se réjouit au temps de la moisson,

Au temps de la distribution !

Car le poids qui enfonce le peuple

Le joug qui écrase sa nuque

Le gourdin de son garde-chiourme…

Tu les casses en mille morceaux

Comme tu l’avais fait autrefois pour les pères !

Dès lors, tout soulier clouté qui résonne sur le pavé

Toute tunique militaire pleine de sang,

Tout cela n’est plus bon qu’à brûler !

Car un enfant nous est né

Un fils nous est donné !

Et c’est sur les épaules de ce nouveau-né que repose l’autorité :

On va jusqu’à dire de lui : inspiré, audacieux, serviteur de la paix !

Oui, la paix sera sans fin…

Et c’est sur ce socle, sur ce fondement que le droit et la justice pourront se bâtir :

L’amour fou de Dieu fera cela !

… et en écho à cette parole d’Esaïe, voici ce que Luc met dans la bouche de Zacharie au sujet de J-Baptiste :

… « Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, parce qu’il a visité son peuple et accomplit sa libération ; il a suscité une force de salut dans la famille de David, son serviteur ! … et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut, car tu marcheras sous son regard pour préparer ses routes… C’est l’effet de la bonté de notre Dieu : grâce à elle, la lumière d’en haut nous visitera et sera visible pour ceux qui marchent dans les ténèbres et jusque dans l’ombre de la mort, afin de conduire nos pas sur le chemin de la paix ! »

Temps de parole

Où est la maison de Dieu ? demandait un rabbin à des hommes très instruits. Ils se moquèrent de lui : « quelle question stupide ! la terre est pleine de sa gloire et toi, tu demandes où est sa maison ! »… c’est vrai au fond ! Le rabbin réfléchit un moment et répondit lui-même à sa propre question : où est Dieu ?… Dieu fait sa maison là où l’être humain le laisse entrer…. » Tout commence par là, en fait : on ne peut chanter « la terre entière est remplie de sa gloire » si l’on n’a pas, d’abord, ouvert sa propre porte à la venue de Dieu…

C’est très exactement ce qui se passe pour les bergers après avoir été rencontrés par des anges qui leur avaient annoncé du nouveau, du spécial, de l’inédit surprenant… C’est cela que Bach met en musique dans cette 3ème partie de l’Oratorio de Noël, avec un certain humour puisqu’il encadre la cantate par ce Coro brillant et éclatant que nous retrouverons donc en final et où il est question de nos balbutiements, ces faibles chants auxquels le Maître du Ciel est invité à porter une oreille bienveillante… Bach, humble dans la brillance et l’éclat ! comme si tout cela n’était pas grand chose par rapport à l’Evénement du Jour : la naissance de Dieu dans un monde mal-mené, au sens propre ! où l’humain n’en finit pas de se prendre pour Dieu, peut-être à cause de ce génie inventif qui habite l’humanité. Quand on y pense, c’est incroyable cette capacité d’invention propre au genre humain !

A se demander si aujourd’hui on peut encore inventer quelque chose ! Et on a dû se dire cela à bien des moments de l’histoire humaine : après avoir apprivoisé le feu, inventé la roue, le fusil, la photo, le téléphone, l’avion, le sous-marin, la bombe, sale ou propre, la fusée partant à l’exploration du cosmos, l’ordinateur, le I Pod…Cette merveilleuse capacité de l’être humain à mettre ensemble, à combiner des éléments trouvés dans son environnement pour que jaillisse l’étincelle, pour faciliter la vie… autant que pour faciliter la mort !

On pourrait dire que Dieu a inventé – ou créé – l’être humain et son cadre, et que l’être humain a inventé tout le reste ! Dès lors, il n’y avait plus qu’un pas à faire pour renverser le char et dire que l’homme avait inventé Dieu !… et certains ont franchi allègrement ce pas et en tirent grand orgueil et satisfaction ! Jusqu’où irons-nous donc ? qu’allons-nous encore inventer ?… Sûrement des tas choses ! Tenez ! Je lisais la semaine dernière une réflexion sur les termes économiques mis en place dans les nouveaux échanges mondiaux et dans lesquels la parole donnée pouvait être retirée à tout moment ! J’ai dû relire deux fois pour bien comprendre cette « invention ». Incroyable ce qu’on est capable d’imaginer…

Et je me suis demandé si l’on avait un jour inventé la… musique… Un autre midrash juif, une de ces jolies histoires pleines de sens, raconte que lorsque Dieu eut créé l’humanité, il a demandé aux anges ce qu’ils pensaient du monde qu’il avait fait. « une seule chose manque, ont-ils répondu, c’est la louange du Créateur. Alors Dieu créa la musique, le chant des oiseaux, le souffle du vent, le murmure des océans, et il planta la louange dans le cœur de l’humain…

L’être humain a bien sûr inventé des instruments de musique, mais la musique, cette voix de la voix ? le chant de la mer, le cri du vivant, le pépiement de l’oiseau, le murmure du vent nous sont donnés et ne deviennent-ils pas les expressions de nos émotions, les plus fortes et les plus subtiles… la plainte et la joie, les pleurs et le rire, la colère et la paix… On a certes inventé la manière de noter la musique, les notes et les silences, mais la musique elle-même, elle jaillit d’ailleurs, d’un tréfonds… D’ailleurs, on dit bien composer, c’est-à-dire mettre ensemble, poser les notes les unes avec les autres… Et bien sûr, on l’entend cette musique, mais il ne suffit pas de l’entendre, elle n’est pleine que si elle nous touche, nous émeut : il s’agit bien de la ressentir ! Entre le cri de l’enfant qui vient au monde et le murmure du souffle que le mourant rend en quittant la vie, il y a place pour toutes les émotions qui nous traversent. Et ce soir, c’est à la joie que cette cantate nous invite, la joie qui jaillit chaque fois que Dieu rencontre l’être humain, rappelez-vous Abraham et Sarah, David, les bergers… la joie ! La joie parce qu’il nous est rappelé l’essentiel : Dieu nous a aimés et nous aime ! Il nous rejoint, c’est par cela que la cantate a commencé, il nous rejoint pour neutraliser les forces qui divisent, en nous et entre nous ! LA JOIE ! La joie qui doit accompagner la venue du Messie, disait Esaïe, la joie de Dieu face à l’humain unifié, réconcilié. La joie parce que l’attente seule permet l’espérance, fait se lever l’espérance, cette fille de rien du tout, disait le poète ! La joie de l’union du ciel et de la terre, la joie parce que la lumière l’emporte sur la ténèbre. Oui, la joie comme la musique, c’est l’invention de Dieu, car Dieu nous in–vente au sens le plus premier du terme, il met en nous le souffle, Son souffle dans nos narines et nous devenons capables de chanter…

L’abondance du bonheur quand Dieu est accueilli dans notre vie, même si les contradictions sont encore bien là et que les questionnements foisonnent du fait que la création n’est pas achevée. Et cet inachèvement nous est commun, à nous Juifs et à nous chrétiens. Pourquoi ? et bien parce que la Torah – qui est la partie principale de la Bible juive – s’achève la veille de l’entrée en Terre Promise et que le deuxième Testament se termine par un cri d’attente espérante : viens, Seigneur Jésus ! Oui, ces deux écrits, ces deux ensembles s’achèvent dans l’inachevé… parce que nous vivons aujourd’hui, les uns et les autres et toute l’humanité, la venue de Dieu dans notre monde, dans notre vie, pour y établir sa demeure… Où est la maison de Dieu ? Dieu établit sa demeure là où l’humain lui ouvre la porte… A en balbutier de bonheur !… ajoutera Bach…

Texte méditatif final

Temps de l’alliance, temps de Noé, temps de l’arche

Temps de l’Avent, temps de l’attente, temps de la marche

Temps de l’attente, temps de l’espérance, temps de la route,

Dieu très Haut, Dieu très Bas, Dieu fort et humble à la fois,

Tu as formé ton peuple au temps des Patriarches,

Avec Jésus tu es venu pour nous rejoindre

Et nous greffer à l’alliance, nous qui étions des éloignés,

Tu es venu pour faire de nous tous, juifs, grecs, barbares, hommes et femmes,

Un peuple en marche, tous habités de ton Esprit,

Esprit de paix, réconciliés, esprit de joie !

Au-delà des formules et des dogmes qui séparent

Tu viens encore et toujours, naître et renaître en nous,

Tu nous conduis et nous appelles à reconnaître

Ta présence au profond de la nuit,

Flamme fragile au chandelier ou au sapin,

Tu n’en finis pas de venir…

Pour notre joie !

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