Texte méditatif
La vie est lourde certains jours
Mon corps mou, sans ressort
Mon esprit las
S’en va, cherchant, avec grand désespoir
La grâce des jours clairs
Et la chaleur d’antan.
Mon esprit bas se traîne
Comme la brume aux jours de pluie.
Où sont mes chants ?
Et les rires de la maison ?
Le volet bat
Et ce bruit clair
Entre comme une lame
Dans ma chair.
La nuit même, si douce d’ordinaire
La calme nuit de la terre
N’est plus qu’un long chemin
Où je peine, vent debout, sans sommeil
Un long chemin où j’erre.
La vie est lourde certains jours
Le ciel est gris par le soleil
Le ciel est plein d’angoisses
Et tout colle
Et tout poisse.
J’ai soif d’un monde de tendresses
D’un grand fleuve d’amour
J’ai tellement soif, aux jours amers.
Lecture biblique : Hébreux 6-17-20
13Quand Dieu a fait la promesse à Abraham, il l’a faite avec un serment. (…) Dieu a voulu montrer clairement qu’il ne changerait jamais d’avis. C’est pourquoi il a ajouté un serment à sa promesse. 18Une promesse et un serment, voilà deux choses qu’on ne peut pas changer. Dans sa promesse et dans son serment, Dieu ne peut donc absolument pas mentir, et cela nous encourage beaucoup. Ainsi nous avons tout laissé pour saisir l’espérance qui nous est offerte. 19Pour notre vie, cette espérance est comme une ancre. Elle traverse même le rideau du temple dans le ciel et elle est fixée solidement. 20C’est là que Jésus est entré avant nous et pour nous..
Méditation
Mon passage sur cette terre, ressemble à un voyage en mer. Tristesse, souffrance et angoisse sont les vagues qui me submergent et me font craindre la mort … vient de chanter Michel Brodard.
Les entreprises licencient les unes après les autres,
Les actions dégringolent,
Les impôts ne cessent de croître,
Les sans-abri sont toujours plus nombreux,
Le taux de chômage est en progression,
Les catastrophes écologiques se multiplient,
Les guérillas s’allument un peu partout …
Une première ville américaine vient de faire faillite
Et on nous dit que plusieurs autres vont le faire incessamment.
Les voilà, ces vagues qui me submergent.
Il faut du courage pour regarder la télévision,
Il faut du courage pour ouvrir son poste de radio ou lire son journal !
Et puis il y a les choses plus personnelles,
La maladie qui frappe aveuglément,
Les familles qui éclatent,
Les couples qui se déchirent,
Les amitiés qui se noient,
La noirceur d’un ciel lourd
Les flots qui se précipitent sur notre embarcation
Et nous font voler sur la mer comme un fétu de paille.
La pluie,
La houle,
La nuit
Les nuages.
Notre équipage tente de s’accrocher,
Mais les voiles se déchirent sous les rafales.
Le froid nous pénètre jusqu’à l’os
Les yeux qui piquent
Et quand nous arrivons parfois à les ouvrir,
Ce n’est que pour voir notre bateau se précipiter sur les récifs.
Et malgré tout cela,
Nous installons les couronnes de l’Avent et leurs 4 bougies
Nous choisissons un sapin de Noël
Nous hésitons entre le rouge et le doré pour les boules
Entre le pin et le sapin pour les pives
Nous décorons nos fenêtres, nos portes d’entrée, nos tables
Nous accrochons des rubans
Des pommes de pin,
Du houx, du gui, des oranges
Des guirlandes
Et je ne parle pas des décorations urbaines,
A Lausanne, pas un seul recoin n’a pu échapper aux lumières de Noël
Des projections,
Des néons,
Des leds
Des halogènes
Tout est bon !
Qu’est-ce que cela signifie ?
Que nous avons perdu la tête ?
Que nous sommes complètement schizophrènes
Que la réalité est si affreuse
Que semblable à l’autruche, nous ne mettons pas la tête dans le sable, mais la tête dans les étoiles artificielles ?
Peut-être pas.
Oh bien sûr, les décorations de Noël – si je laisse la question commerciale de côté – ont peut-être quelque chose de puéril.
Nous avons tous vécu dans notre enfance, des Noëls formidables
Des Noëls avec des mètres de neige,
Et des chapelles pleines de monde
Et des sapins qui sentaient le sapin
Et des pelures d’orange qui sentaient l’orange
Et nous avons tous frémi parce que des enfants, des parents, des grands parents chantaient à pleine voix – et parfois même à quatre voix – ces chants de Noëls que nous avons aimés et que nous aimons encore.
Alors quand on dépose un petit sapin dans son salon
Quand on dispose une branche de houx sur sa porte
C’est un peu de tout cela qui revient.
C’est peut-être puéril, mais c’est une manière de nous raccrocher à quelque chose.
Parce que lorsqu’on est dans la tempête,
Sauf à vouloir passer par-dessus bord
Emporté par une lame plus violente encore que les précédentes,
Il faut bien s’accrocher à quelque chose.
Et qu’est-ce que raconte Noël,
Sinon qu’un jour, un formidable espoir est né.
Un espoir dont personne n’imaginait qu’on en parlerait 2000 ans plus tard
Un espoir qui proclamait qu’on n’était plus contraint de se lamenter
Sur son sort
En répétant « tout fout le camp »
Parce que même dans un petit village
Même dans une crèche parce que l’auberge était pleine
Même dans une famille qui n’était pas parfaite
Même d’une mère qui n’était pas mariée
Pouvait naître l’artisan de la plus formidable révolution.
Parce que dans la mécanique implacable
Qui fait que les causes et les conséquences s’enchaînent
Pour renouveler sans cesse des tempêtes effroyables,
On avait enfin quelque chose à quoi s’accrocher.
Alors bien sûr, on dira : « Tout cela est bel et bon pour les chrétiens.
Et pour les autres ? »
Que font les autres qui ne croient pas une seconde à cette histoire
De Sauveur du monde né dans une étable
D’arbre de Jessé qui refleurit ?
Je reviens à l’image de l’ancre qu’utilise Bach
Et que nous avons relue dans la lettre aux Hébreux.
Quand vous montez sur un bateau,
Si c’est pour une grande croisière, votre cabine possède des gilets de sauvetage.
Si c’est pour une petite promenade sur le Léman, il y a des bouées réparties sur le pont
Mais au fond, jamais on ne vous donne une ancre !
Même sur les plus gros bateaux qui seraient susceptibles de traverser une véritable tempête, on ne vous donne pas d’ancre.
Il n’y a qu’une ancre pour tout le bateau.
Parfois deux.
Et vous feriez sourire le capitaine et ses lieutenants si vous vous exigiez une ancre avant de vous embarquer.
L’important, c’est que le capitaine
On son lieutenant
Ou le responsable de l’ancre
Soit bien au courant de son fonctionnement
Connaisse la manœuvre à réaliser
Pour que tout le bateau
Trouve un minimum de stabilité et ne soit pas jeté d’une lame à l’autre
Ou précipité sur les récifs.
Vous connaissez la formule :
«Vous êtes le sel de la terre».
Jamais il n’y a l’exigence
La suggestion
Ou même l’idée
Que toute la terre devienne sel.
Mais pour que la terre ait du goût
Il faut que quelque part, il y ait du sel.
Pour stabiliser le bateau
Il faut que quelqu’un connaisse le bon usage de l’ancre.
Dernier point :
D’accord, me dira-t-on, mais on vous voit venir.
C’est tout de même très prétentieux de penser
«Les chrétiens sont responsables de l’ancre
Et tout le bateau est sauvé».
Ce n’est pas ce que dit l’Epître aux Hébreux.
Vous avez entendu :
«Elle traverse même le rideau du temple dans le ciel.»
Ce fameux rideau du temple
Ce rideau du temple qui se déchire du haut en bas
Au moment de la mort du Christ
Pour dire que la séparation entre
Le monde du sacré
Et le monde du profane
C’est fini…
L’ancre TRAVERSE le rideau.
Et il devient dès lors impossible
De la privatiser.
De créer des clubs fermés.
La bonne nouvelle de Noël
Est aussi bien pour les Roms peu recommandables que sont les bergers à l’époque de Jésus et qui gardent leurs troupeaux sur les collines de Bethléem
Que pour les mages, devins, astrologues, magiciens en tout genre, pas bien plus recommandables que les bergers, et qui viennent du bout du monde.
Amen.
Texte méditatif
Seigneur
Merci de nous avoir donné le rire, l’amitié et le chant
Garde nous la tête droite, le regard clair, la peau tendue
Fais de nous des êtres bronzés au dehors
Et en dedans, sans ombres, ni moisissures
Suscite en nous l’envie d’être à ton image
Fais disparaître notre vanité d’être par nous seuls.
Dieu notre Père,
Notre vie est un voyage est nous allons sur la mer
Tu es notre seule boussole
Sans toi, nous tournons en rond
Au gré des vents des courants.
Entourés d’eau, sans repère,
Nous avançons vers l’inconnu
Notre sort est lié à cette humble boussole qui est ta promesse
Seigneur, sois avec nous dans ce voyage
Aide-nous à tenir la barre dans les grains
Apprends-nous à chanter dans les calmes plats
Mais surtout tends nos voiles au large vent de l’espérance
Et nous arriverons par ta grâce. Amen.