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Xristos anèsthy !

Christ est ressuscité !
Cette nouvelle-là,
Ne la dites pas trop haut : c’est de la dynamite !
Ne la dites par n’importe comment
Il y a eu tellement de malentendus …

Murmurez-la, cette nouvelle-là : « IL EST RESSUSCITE ! »

Oui, il est ressuscité, le crucifié
Celui qu’on avait condamné
Et exécuté comme un malfaiteur,
Parce qu’il troublait l’ordre
Parce qu’il ne se soumettait pas
Aux lois de la société,
Aux lois de l’économie
Aux lois religieuses.

Oui, lui, le crucifié,
L’ami des pécheurs, des prostituées, des marginaux
Celui qui mangeait à la table
Des trafiquants et des voleurs
Dieu l’a ressuscité.

Prêtez à l’oreille à ce murmure,
Laissez renaître en vous l’étonnement
Laissez monter en vous la joie :
Jésus, le Nazaréen, Dieu l’a ressuscité !

Orgue : « Christ lag in Todesbanden », Georg Böhm (1661-1733)
Texte méditatif d’ouverture

N’allez pas imaginer la Résurrection
Comme une paire de chaussures neuves
Ou une nouvelle robe
Ou un costume neuf.

C’est vrai qu’autrefois, nos parents
Ou nos grands-parents,
Quel que soit le temps qu’il pouvait faire à Pâques,
N’auraient jamais manqué de célébrer la fête
En se donnant un air de printemps.
Sortir à Pâques les vêtements de printemps,
C’était afficher que l’avenir ne pouvait plus attendre
Et que même si le temps de la saison ne venait pas,
Le temps du cœur était venu.

Ressusciter, c’est pourvoir à tout moment
A chaque instant,
Et avec son âge, quel qu’il soit,
Commencer un nouvel avenir
Et allumer un nouveau matin.

Regardez Marie-Madeleine :
Marie-Madeleine venait chercher un mort pour l’enterrer :
Elle trouve un jardinier.
Qui sème la vie
Et qui la fait pousser.
Marie-Madeleine ne le reconnait pas.
C’est bien la preuve que la Résurrection
Ne ressemble pas au passé.

Lecture biblique: Evangile de Marc, 16, 1-8

Jésus s’est réveillé de la mort

1Quand le sabbat est fini, Marie de Magdala, Marie la mère de Jacques et Salomé achètent des huiles parfumées pour aller les mettre sur le corps de Jésus. 2Le dimanche matin, très tôt, au moment où le soleil se lève, elles partent vers la tombe. 3Elles se disent entre elles : « Qui va rouler pour nous la pierre à l’entrée de la tombe ? »
4Mais les femmes regardent et elles voient qu’on a déjà roulé la pierre, pourtant elle est très grande. 5Elles entrent dans la tombe, elles voient un jeune homme, assis à droite, en vêtement blanc. Alors les femmes sont effrayées. 6Mais il leur dit : « N’ayez pas peur ! Vous cherchez Jé-sus de Nazareth, celui qu’on a cloué sur une croix. Il s’est réveillé de la mort, il n’est pas ici. Voici l’endroit où on l’avait mis. 7Maintenant, allez dire à Pierre et aux autres disciples : « Jésus vous attend en Galilée. Vous le verrez là-bas, comme il vous l’a dit. » »
8Les femmes sortent de la tombe et partent en courant. Elles trem-blent, elles sont bouleversées, et elles ne disent rien à personne, parce qu’elles ont peur.

Chant: « Jour triomphal du fils de Dieu ».

Temps de parole

Au fond, le dimanche de Pâques, nous parlons de quoi ?

Nous parlons d’une chose
•    impossible à décrire,
•    impossible à établir,
•    impossible à comprendre,
•    impossible à démontrer.

Au moment où elle s’est produite, la résurrection de Jésus n’a été ob-servée par personne.

•    Aucun témoin direct.
•    Aucun indice convainquant.
•    Inutile même de chercher un évènement « un peu similaire » dans l’histoire de notre planète : il n’y en a pas.

A partir de là, on peut tout supposer – et on ne s’en est pas privé : le vol du corps de Jésus, la simple réanimation (comme on peut le voir dans le fameux Da Vinci Code), la substitution comme dans le Coran (ce n’est pas Jésus qui est crucifié, mais un sosie), etc. etc., en passant évidemment par le déni des proches qui refusent d’admettre la réalité.

Mais comment expliquer alors qu’une « illusion » de cet ordre ait pu faire naître dans l’espace et le temps une foi qui dure aujourd’hui en-core ?
•    Comment expliquer que nous soyons aujourd’hui des millions de chrétiens à travers le monde pour fêter la résurrection ?
•    Comment expliquer que la vie d’hommes et de femmes ait été à ce point transformée par cette annonce de la résurrection que certain, comme Jean-Sébastien Bach, ont mis tout leur talent au service de cette annonce de la Résurrection ?

Il est banal de répéter que l’œuvre de Bach est l’exemple même d’une musique essentiellement sacrée. La foi en Jésus-Christ anime la quasi-totalité de son œuvre et le conduire à écrire : «Le but de la musique devrait n’être que la gloire de Dieu et le délassement des âmes, Si l’on ne tient pas compte de cela, il ne s’agit plus de musique mais de nasil-lement et beuglements diaboliques. »

Qu’est ce qui a conduit Bach à cette conviction profonde qui dirige toute sa vie ?
Qu’est-ce qui a convaincu ces hommes et ces femmes à être chrétiens aujourd’hui ?

•    On a généralement tout un vocabulaire de prédication pour dire cela.
•    On dit « l’Evangile ne décrit pas la résurrection, mais il l’annonce ».
•    On parle du « saut » de la foi comme chez Bultmann
•    On dit : « l’intelligence ne peut pas comprendre la résurrection, mais l’âme peut la pressentir » …
je me demande si parfois, on ne tourne pas un peu en rond.
Concrètement, Pâques c’est quoi ?
•    une pierre roulée
•    Un tombeau vide
•    Un corps absent.

C’est ça, l’étrangeté de Pâques : il n’y a rien d’autre à constater qu’une absence et de cette absence se dégage une inexplicable force de trans-formation !

Revenons au texte de l’Evangile.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le texte de Marc est sobre.
Aux antipodes du conte de fée.
Trois femmes qui ont assisté à la mort de Jésus, viennent au tombeau.
Ce sont des femmes normales.
Pas le moins du monde illuminées.
Elles s’apprêtent à faire ce qu’on fait généralement avec les morts.
Elles suivent les rites habituels de leur culture.
Et donc, implicitement, elles admettent bien que Jésus est mort.
Elles ont des soucis
Parce qu’habituellement un tombeau taillé dans le roc
Est fermé avec une pierre, une meule
Et qu’une meule de cette taille, c’est difficile à rouler.
•    Première surprise : la pierre est roulée.
•    Deuxième surprise : la tombe est « habitée » par un jeune homme en vêtement blanc
•    Troisième surprise : il leur parle et leur explique que Jésus n’est pas ici et qu’il attend ses disciples en Galilée.
C’en est trop : les femmes partent en courant.

Voilà tout ce que nous avons, dans l’Evangile de Marc, pour dire la ré-surrection.
Vincent Schmid évoque une rencontre inter-spirituelle dans laquelle un chrétien voulait expliquer à un maître zen japonais ce qu’était la résurrection. Après un long discours, il a demandé à son interlocuteur : « Est-ce que vous m’avez compris ? » Et l’autre de répondre : « Mon-trez-moi votre résurrection, alors je vous aurai vraiment compris ».

Dans ces cas-là, les chrétiens ont l’habitude de répondre : « Eh non ! La résurrection, ça ne se montre pas. Justement. Il faut le croire, c’est tout. »

Mais ce n’est pas ce que l’homme en blanc dit.
Il ne dit pas « circulez, il n’y a rien à voir ».
Il dit : « Jésus n’est pas là, il est AILLEURS ».
Il vous attend – ou il vous précède – en Galilée.
La Galilée.
Le pays des commencements.
Le pays des premiers miracles,
des premières rencontres,
des premiers disciples.
Le pays des premières annonces du Royaume.
Le Christ est là-bas.
Le Christ est vivant dans toutes nos Galilées.
Tantôt incognito, tantôt en se donnant à reconnaître
Sur nos chemins provisoires  et nos itinéraires ambigus.

Il ne se laisse pas ensevelir avec nos désillusions.
Il ne se laisse pas enterrer avec nos échecs.
Il nous tire en avant.

Et convaincus de sa présence, nous pouvons dire au maître de zen ja-ponais : regardez autour de vous ! Regardez ces hommes et ces femmes et vous la VERREZ, la résurrection !

Petit détail cependant … pour que la démonstration soit concluante, il faudrait que la résurrection, sur nos visages, ça se voie !!!

Amen.

Texte méditatif final

Moi, dit Dieu,  j’ai pris le parti de la vie
Pas celui de la mort.
Pour moi, Pâques, c’est ouvrir
Ouvrir les tombeaux
Ouvrir la porte de la vie.

Et vous, vous passez votre temps à fermer.
Vous enfermez ceux qui ne sont pas en règle
Ceux qui se suicident
Celles qui se font avorter
Ceux qui ne croient pas comme vous,
Ceux qui ne vivent pas comme vous.
Vous les enfermez tous dans le même tombeau.

Que vous restiez enfermés dans vos principes,
Je veux bien, cela vous regarde,
Mais les personnes ?
Les autres ?
Moi je suis là pour les ressusciter
Pas pour les enfermer dans des tombeaux
Que vous leur fabriquez sous prétexte qu’il faut respecter la loi.

Mon fils unique.
s’est assis au bord du puits avec la Samaritaine
Cette pécheresse publique – cette hérétique aussi
Il a accueilli la femme adultère,
Il s’est laissé parfumer les pieds par une prostituée.

Et vous, qui allez-vous accueillir à Pâques ?
Moi, dit Dieu, je n’ai rien à dire
Mais je vois les besoins de mon peuple.

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