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Bienvenue à Saint-Laurent pour cette deuxième édition de Cantate et Parole, de la saison 21-22.

Et une bienvenue toute particulière, à vous les musiciens : instrumentistes et chanteurs, qui nous offrez ce temps de méditation, une méditation portée ce soir par la cantate BWV 129 de J.-S. Bach  » Gelobet sei der Herr, Mein Gott « ,  » Loué soit le Seigneur.

 

Texte méditatif I

Ce que quelqu’un fait
Impressionne toujours davantage que ce qu’il dit.
A nos yeux,
L’exemple vaut toujours mieux que les paroles.
Nous n’avons pas beaucoup d’estime pour celui qui dit
« Faites comme je dis mais pas comme je fais ».Bon.
Si on poussait le raisonnement jusqu’au bout
Personne, jamais, ne dirait plus un mot.
Et contrairement à ce qu’on pense,
On n’y gagnerait rien.
Un médecin qui fume
Peut donner des conseils extrêmement valables sur les dangers  du tabac.
Un coureur de jupons peut exprimer des pensées très profondes sur la fidélité.
Un voleur peut nous adresser une solennelle invitation
A ne pas faire comme lui.
Un pasteur qui vit mal peut dire des choses importantes
Sur la vie vraie.
Notre exemple vient de nous.
Mais nos paroles peuvent venir d’ailleurs et de plus haut.
Jésus a chargé des hommes très ordinaires
De porter des paroles extraordinaires.
Après tout, un poteau indicateur
Parle très bien de la route à prendre
Quand bien même il n’y va jamais !

Lecture biblique – Psaume 150

Louez l’Éternel!

Louez Dieu dans son sanctuaire!

Louez-le dans l’étendue, où éclate sa puissance!

Louez-le pour ses hauts faits!

Louez-le selon l’immensité de sa grandeur!

Louez-le au son de la trompette!

Louez-le avec le luth et la harpe!

Louez-le avec le tambourin et avec des danses!

Louez-le avec les instruments à cordes et le chalumeau!

Louez-le avec les cymbales sonores!

Louez-le avec les cymbales retentissantes!

Que tout ce qui respire loue l’Éternel! Louez l’Éternel!

 

Méditation

Loué soit le Seigneur, mon Dieu, ma lumière, ma vie,

Mon père, qui me protège depuis le ventre de ma mère

A chanté le Chœur.

 Loué soit le Seigneur, mon Dieu, mon salut, ma vie

A chanté la basse

Quand je dis « Loué soit le Seigneur »,

Je m’associe probablement à l’auteur du Psaume 150

Et je dis que c’est une bonne chose de louer le Seigneur,

Qu’il est normal de louer le Seigneur,

Que le Seigneur est digne de louanges …

Mais au fond, honnêtement, est-ce que je dis que JE loue le Seigneur ?

Pas tant que ça, finalement.

Et je ne le dis pas parce que …

Parce que je ne le fais pas.

J’aurais bien voulu, te louer, Seigneur,

Hier, avant-hier, aujourd’hui,

Pour le soleil,

Pour l’air,

Pour les couleurs de l’automne,

Pour la clarté du ciel …

Pour les amis que j’ai retrouvés,

Pour mes enfants qui sont en bonne santé,

Pour le travail que je fais et qui me réjouit

J’aurais bien aimé ouvrir tout grand les portes de mon être

Pour laisser sortir mon émerveillement

Pour exprimer mon admiration

Ma reconnaissance…

Mais vois-tu, je n’ai pas trouvé le temps.

Trop de choses à faire.

Ou alors, je n’ai pas trouvé la motivation parce que

Je n’arrive pas à stopper tout ce qui m’occupe,

De tout ce qui me préoccupe.

Qu’est-ce qui me préoccupe, Seigneur ?

Mais tout.

Tout me préoccupe.

Le réchauffement climatique,

La reprise du COVID

La disparition de milliers d’espèces

La pollution des fonds marins

Le piratage informatique

Les manipulations de Facebook

Les succès d’Eric Zémour

Tout m’inquiète.

Je me retrouve complètement tétanisé par l’actualité

Incapable de la moindre action

Misérable colibri perdu dans un gigantesque incendie de forêt.

Et je me retrouve incapable de louange, Seigneur !

Comme s’il n’y avait plus de courant céleste

Comme si tout était réduit à une sorte de platitude terrestre.

Juste

Des limites,

Des fatigues,

Des soucis.

Et moi, là au milieu,

Coincé entre des problèmes aussi haut que la tour de Babel,

Des buildings de catastrophes

Moi qui ne vois même plus le ciel.

Qui manque d’air.

Qui manque de souffle.

Et dire que dans deux mois, c’est Noël.

C’est le comble quand même !

Et je n’ai même pas l’excuse de ceux qui n’y croient pas …

Qui ne croient ni à Toi, ni à la louange.

Moi, j’y crois, en principe.

J’y crois, mais je n’y arrive pas.

Alors je reprends les textes

Les vieux textes bibliques.

Pas tellement parce qu’ils seraient sacrés,

Mais parce qu’en les reprenant,

J’essaie de comprendre comment les autres ont fait,

Comment ces hommes et ces femmes de la bible ont trouvé le temps

Comment ces hommes et ces femmes de la bible ont trouvé l’énergie,

Pour TE louer !

Bien sûr, il y a les histoires, des circonstances où je me dis : c’est normal.

Moi, dans ces circonstances, j’aurais aussi loué Dieu.

Prenez le cantique de Moïse, par exemple,

Juste après la traversée de la mer rouge

Je chanterai à l’Éternel, car il a fait éclater sa gloire;

Il a précipité dans la mer le cheval et son cavalier.

L’Éternel est ma force et le sujet de mes louanges;

C’est lui qui m’a sauvé.

Il est mon Dieu: je le célébrerai;

Il est le Dieu de mon père: je l’exalterai.

Belle louange,

Magnifique louange s’il en est

Mais – j’ai envie de dire – ça se comprend !

C’est normal

Moïse part, avec tous les Israélites

Ils marchent jusqu’à la mer rouge

Et lorsqu’ils arrivent au bord de la mer,

Non seulement elle leur paraît infranchissable

Mais ils voient les chars du Pharaon à leurs trousses.

Encore quelques heures peut-être

Quelques minutes

Et si les Israélites ne se noient pas volontairement dans les flots de la mer rouge

Ils se feront massacrer par les soldats du Pharaon.

Dire qu’ils sont morts de peur, c’est peu dire !

Alors évidemment, lorsque quelques heures plus tard,

Quand ils se trouvent de l’autre côté de la mer

Et qu’ils voient l’armée de Pharaon noyée ….

On comprend qu’ils poussent un gigantesque OUF !

Un « ouf » qui se traduit en chant de reconnaissance !

La louange, dans ces circonstances,

C’est normal, spontané, incontournable.

C’est comme…

terminer une chimio particulièrement violente

Faire des examens approfondis

Et entendre son médecin vous dire :

Eh bien tout est en ordre.

Plus la moindre trace de tumeur !

Vous êtes guéri !

Qu’est-ce que tu fais ?

Tu respires, tu jubiles, tu danses

Et si tu es chrétien, du loues ton Dieu !

Mais moi,

Dans mon quotidien,

Dans le monde où je vis,

comment veux-tu que je loue ?

Alors peut-être est-il nécessaire de relire un autre texte.

Un texte où la louange n’est pas synonyme de grand OUF

Mon âme exalte le Seigneur,

Il s’est penché sur son humble servante ;

Désormais, tous les âges me diront bienheureuse.

Le Puissant fit pour moi des merveilles ;

Saint est son nom !

La jeune fille qui prononce ces mots ne vient pas d’échapper à un terrible danger !

Elle n’avait pas la mort aux trousses,

Elle n’a pas failli y passer.

Elle vient d’apprendre une nouvelle qui la dépasse,

Une nouvelle qui en aurait plongé plus d’une dans un abîme de perplexité

Elle vient d’apprendre qu’elle va avoir un enfant

Alors qu’elle n’est pas mariée.

Et dans la société de l’époque, c’est tout sauf une bonne nouvelle !

Marie aurait largement de quoi être assommée par cette nouvelle

Accablée

Tétanisée,

Traumatisée,

Elle dit « Mon âme exalte le Seigneur ».

Pourquoi ?

Parce qu’elle n’ose pas faire autrement ?

Parce que dans sa famille on fait toujours comme ça ?

Parce que quoi qu’il arrive, elle loue le Seigneur ?

Parce qu’elle est totalement inconsciente ?

Parce qu’elle « a » la foi ?

Comme si la foi était un bien de consommation

Qu’on a … ou qu’on a pas,

Non.

Elle dit « Mon âme exalte le Seigneur »

Parce qu’elle est capable de regarder ailleurs que dans le seul endroit où c’est difficile.

Elle regarde plus large !

Un peu comme Jean-Sébastien Bach.

On a eu souvent l’occasion de dire à Cantate et Parole

Que la vie de Bach à Leipzig,

La vie de Bach comme Cantor de l’Eglise St-Thomas

C’est tout sauf facile !

Trop de travail, trop de tâches annexes,

Trop de conseillers de ville mesquins

Trop de problèmes d’argent,

Trop d’enfants qui meurent les uns après les autres.

Et pourtant rien de tout cela ne l’empêche de composer la cantate d’aujourd’hui

Une cantate dans laquelle la louange est tout simplement éblouissante.

Alors bien sûr, on dira

Que voulez-vous … cette confiance, c’est quelque chose qui leur a été donné, c’est tout. Et à moi, ça ne m’a pas été donné 

Pas sûr.

Je me demande parfois, si derrière notre incapacité de louer

Il n’y a pas un plaisir un peu morbide à ne regarder que ce qui va mal.

A nous abreuver de mauvaises nouvelles.

A écouter en boucle les nouveaux cas de COVID, les règlements de compte à Marseille ou les renversements de gouvernements un peu partout sur la planète.

Attention : je ne dis pas « mettons la tête dans le sable et tout ira mieux ».

D’abord parce qu’en mettant la tête dans le sable, on est bien incapable de louange.

Je dis : regardons aussi ailleurs. 

I have a dream, disait Martin Luther King.

Je rêve qu’un jour sur les collines rousses de Georgie les fils d’anciens esclaves et ceux d’anciens propriétaires d’esclaves pourront s’asseoir ensemble à la table de la fraternité.

Je rêve qu’un jour, même l’Etat du Mississippi, un Etat où brûlent les feux de l’injustice et de l’oppression, sera transformé en un oasis de liberté et de justice.

Et c’est probablement parce qu’il avait ce rêve chevillé au corps – et non seulement la misère du peuple noir, exilé dans son propre pays – que Martin Luther King trouvait, lui aussi, la force de louer.

Amen.

Texte méditatif II

Avoir la foi
Etre chrétien
Ce n’est pas être arrivé
C’est prendre le départ.
Ce n’est pas se mettre à l’abri
C’est oser partir
Ce n’est pas s’installer dans un système
C’est se mettre en marche.
Ce n’est pas prendre une assurance
C’est prendre des risques.
La foi est un voyage.
Avoir la foi n’est ni un grade
Ni une carrière
Ni une promotion.
La foi ne fait pas des chefs
Mais des nomades.
Le chrétien habite en chemin
C’est un vagabond.
Sa seule demeure, c’est la route.
Le chrétien vit
Dans la poussière des pistes
Les pieds dans la boue
Et la tête dans les étoile.
La foi est le livre Dans lequel le chrétien
Apprend à lire Dieu.

 

 

 

 

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