Texte méditatif d’entrée
Dieu, source de la vie,
tu nous as voulu à ton image,
et nous le sommes puisque nous sommes chacun unique !
Tu déposes en chacune et chacun de nous
deux trésors :
nos différences… et
notre unicité !
Quand tu nous appelles à te répondre,
tu ne nous demandes pas d’être autre que nous-mêmes,
tu n’attends pas de nous tous une réponse unique
et aseptisée,
tu n’es pas un Dieu qui aligne et qui nivelle…
Tu aimes nos différences :
apprends-nous à les aimer aussi !
tu crois en notre capacité à dépasser nos peurs de la différence,
accompagne-nous dans ce lent et long apprentissage !
Tu ne fais pas à notre place ce que nous pouvons faire par nous-même,
mets en lumière nos possibilités !
Dieu, source de la vie,
conduis-nous là où nous trouverons notre nourriture, notre espérance, notre confiance…
Lecture biblique : psaume 23 ré-écrit
Dieu me conduit là où je peux apaiser ma faim,
je ne serai pas dans le manque total…
Il me fait habiter dans des paysages de beauté :
oasis verdoyants !
Il redonne goût à ma vie
en me faisant avancer sur un chemin de justice,
parce que son nom est vrai !
Voilà pourquoi je ne me laisserai pas submerger par le Mal,
je n’aurai pas peur du Mal même si je devais avancer sur un terrain d’ombre et de mort !
Oui, vraiment, je te sens avec moi :
Ta présence, cet appui sur lequel je peux compter, c’est cela qui me réconforte.
Voilà que, face à des forces contraires, proches et redoutables, Toi, tu prépares un festin… et tu m’y invites, et tu m’y accueilles… C’est la fête !
Ce qui est bien, ce qui est vrai, c’est ce qui m’accompagne tous les jours de ma vie…
C’est ça, ta maison !… et dans cette maison-là, j’ai envie de m’installer pour longtemps !
Temps de parole
Ne manquer de rien, c’est probablement une de nos préoccupations modernes les plus importantes. Dans notre monde occidental, c’est presque un dû… C’est souvent une angoisse : pourvu que rien ne nous manque … et qu’on ait la santé !
A la suite du psaume relu tout à l’heure, la cantate, dans son début, proclamait « rien ne peut plus me manquer »… C’est qu’il y a manque et manque et que manquer de rien aujourd’hui pourrait signifier – en langage biblique – manquer au fond de tout.
Etre comblé de tout, c’est être tout plein, c’est donc être encombré au point de ne plus avoir de place pour du neuf, ou plutôt du différent. C’est l’avoir qui empêche l’être de respirer ! Nous vivons dans un environnement publicitaire dominant qui nous encourage quotidiennement, nous pousse, nous presse au toujours plus, qui nous ferait presque regretter de ne pas avoir 4 mains pour saisir davantage, pour prendre, pour nous agripper à encore plus. Est-ce étonnant dès lors que nous suffoquions à la recherche d’une échappatoire ? Semblables à ces trous noirs que connaît le cosmos, capables d’avaler toute matière passant à proximité… y compris la lumière !L’Ecriture nous parle du manque autrement, comme si manquer était un cadeau… et c’est un cadeau ! comme si le manque était une porte ouverte sur un autre état d’esprit… et c’est un autre état d’esprit ! comme si le manque agissait à la manière d’un miroir reflétant l’image que nous avons perdue de nous même… et c’est un miroir ! comme si le manque était… Dieu lui-même… et d’une certaine manière, c’est Dieu lui-même ! C’est alors ce qui permet à nos vies de bouger à nouveau, de nous désincarcérer de ce qui nous bloque, de nous ré-organiser.
A l’image de ce petit jeu qui a besoin d’une case vide pour être utilisable – on vous le vend d’ailleurs bloqué… – qui a besoin d’un espace, d’un trou dans le plein pour pouvoir bouger le tout… On pourrait alors dire « je ne manque de rien quand justement il me manque quelque chose !
Cet espace pourrait porter le nom de Dieu, celui qui permet à nos vies de re-bouger, de retrouver l’être au milieu de l’avoir.
Je me suis alors rappelé cette histoire : C’est un homme qui va revoir son ancien maître et ce dernier lui demande comment vont ses affaires…
Bien, répond l’homme, j’ai une entreprise florissante qui se développe. Je gagne beaucoup d’argent.
Oui, dit le maître, mais comment vont tes affaires ?
Je vous l’ai dit, j’ai une belle entreprise ! En outre ma femme est de plus en plus belle et j’aime mes enfants…
C’est bien, dit le maître, mais comment vont tes affaires ?
L’homme est un peu surpris par la tournure que prend la conversation. Il reprend néanmoins :
j’ai une belle entreprise, une belle famille, beaucoup d’amis et une vie sociale très riche.
Tout ça est très beau et très bien, dit le maître, mais… comment vont tes affaires ?
L’homme ne comprend plus rien :
Que voulez-vous dire par « comment vont tes affaires ? »
Eh bien, répond le maître, jusqu’à maintenant tu m’as parlé de tout ce que tu avais et qui sont autant de bénédictions de Dieu sur ta vie. Tu ne m’as parlé que des affaires de Dieu. Ce que je voudrais savoir, ce sont tes affaires à toi, et la seule chose qui dépende de toi et de toi seulement, c’est ton cœur… devant Dieu. Comment est ton cœur devant Dieu ?
Il est temps maintenant d’entendre la 2ème partie de cette cantate qui chante le bonheur d’être, d’être soi-même, retrouvé, ré-articulé, ré-orienté sur l’essentiel…
Alors nous ne manquerons de rien… ayant en nous cette case vide qui permet tout…
Texte méditatif final
Les jours gagnent en lumière,
le printemps vient…
mais l’âme frissonne encore…
Jusques à quand ?
Le cycle des saisons se poursuit
Immuablement,
mais le cœur des humains se rythme autrement…
Jusques à quand ?
Une arche, une croix, un diamant, un lotus,
et nos artères contiennent pourtant le même sang…
Jusques à quand ?
Une peau plutôt blanche, plutôt jaune, plutôt rouge, plutôt noire, plutôt brune ou beige
change-t-elle le regard qui l’habite ?
Jusques à quand ?
Dieu, tout Autre,…
Nom à reconnaître,…
Règne présent et à venir,…
Volonté à faire ici-bas,…
Pain à recevoir et à partager,…
Pardon à accueillir et à offrir…
Délivrance du moi tout-puissant
Face à la tentation d’être toi plutôt que nous…
Dieu à venir, aujourd’hui et demain,
Jusqu’à la fin du temps
amen