Accueil et Bienvenue

Texte méditatif (Francine Carillo)

Il arrive qu’on revienne
d’un travail, d’une rencontre
Les mains ballantes, le coeur désert
et rien qui comble la faim.

S’en tenir alors à l’évidence:
Le fruit n’était pas mûr ou déjà passé.

On pensait s’en nourrir,
il se révèle amer,

On y cherchait un souffle,
on se retrouve à terre.

Mais la vie, fertile en imagination,
pose le doigt sur ce qui fait question !

Serait-ce le signe d’une plus haute présence,
de cette prévenance qui veille en nous
à ce que le manque n’interrompe pas l’élan,
mais qu’il en soit le fondement ?

Chant 33-18: « Splendeur et gloire sur la terre »

Lectures  Luc 19, 29-40

Prédication

On m’a dit ; à  Messe brève – Méditation longue (…)
Surtout qu’aujourd’hui c’est le jour des « Rameaux !

Fête chez nos amis catholiques, qui se sont rendus en nombre, ce matin, dans leur église pour recevoir des branches de buis ou de lauriers que le prêtre aura pris soin de bénir. Puis entrée dans l’église sous forme d’une procession au son d’un « Gloria ».

Ce rituel rappelle l’épisode de l’Evangile que je vous ai lu et dont la symbolique se prolonge l’année entière. Les rameaux qui ont été distribués sont ensuite ramenés dans chaque foyer, accrochés aux croix ou crucifix, posés sur des objets symboliques.

Ils resteront, l’année durant, bien verts comme le symbole de la vie, de l’espérance en toutes circonstances. L’année suivante, verts mais tout secs, ils contribueront au feu allumé le mercredi des Cendres qui commence la période du Carême, qui nous amène aux Rameaux puis à vendredi saint et Pâques (…)

Quant aux protestants !

Et bien, nous nous mettons sur notre « 31 », une fois n’est pas coutume, pour accompagner les jeunes qui finissent leur catéchisme. Du coup les rameaux sont un peu « l’entrée triomphale » des héros qui sont libérés de la contrainte du KT et qui donc pourront venir à l’église, peut-être une fois à Noël (…) si la date convient !

Ce matin à la Cathédrale, nous avons assisté à une remise des Oscars pour 19 nominés, chacun dans une catégorie. Tapis rouge, crépitement de flash, paillettes et statuettes étaient au rendez-vous.

Effectivement les cérémonies ont bien changé, il y a juste les sièges qui restent aussi inconfortables ! Mais fondamentalement, le sens de ces Rameaux célébré à la Cathédrale, c’est un moment précieux qui permet à chaque jeune d’exprimer où il en est dans sa foi et sa vie, ce qu’il croit ou ne croit pas, ce qu’il attend. C’est aussi un temps pour leur dire:  « Quoique tu veuilles bien croire, nous te bénissons et nous prions pour que tu trouves le chemin de la confiance et de l’espérance » .

Entre nous, selon l’Evangile de Luc, les disciples ils ont dû en avoir de la confiance pour aller piquer un ânon pour leur Jésus (…) et puis aussi une belle dose d’espérance de ne pas se faire arrêter ou malmener.  Bon, il faut dire qu’ils le pratiquaient depuis 3 ans leur Jésus et qu’ils en ont vu bien d’autres  !

Ensuite c’est la foule qui entre en scène : La foule !

C’est facile d’être une foule, non? Anonyme, solidaire, forte pour le meilleur et pour le pire.

La foule qui risque sa vie pour déloger un président/dictateur. La foule pour influencer l’opinion publique sur les conséquences de notre consommation effrénée. Et puis la foule qui acclame comme ce matin dans les églises catholiques ou protestantes. La foule qui acclame ce Jésus monté sur un ânon.

Mais vous le savez bien, la foule est instable, fluide, manipulable.  Elle criera « Que Dieu bénisse le roi qui vient en Son nom ! Paix dans le ciel et gloire à Dieu au plus haut des cieux ! ». Et une semaine après, elle criera « Crucifie le »

Si la foule est instable hier comme aujourd’hui, il y en a un seul dans cette histoire qui reste stable, sans compromission, fidèle à lui-même, fidèle à celui qu’il appelle son Père. Il est là, descendant du mont des Oliviers, droit sur son ânon… accomplissant une parole du prophète Zacharie écrite quelques 350 ans avant cet épisode:

Danse de toutes tes forces, ville de Sion !

Pousse des cris de joie, Jérusalem !

Regarde ! Ton roi vient vers toi.

Il est juste, victorieux et humble.

Il est monté sur un âne,

sur un ânon, le petit d’une ânesse.

Il est juste, victorieux et humble.

Il est juste, par l’accueil qu’il a toujours offert à ceux qui s’approchent de lui:

de la prostituée aux malades, du fonctionnaire corrompu aux dignitaires étrangers, de la femme adultère aux  petits enfants.

Juste, mais d’une justice qui ne se veut pas procédurière ou punitive, d’une justice qui se veut compatissante, tranchante parfois, et toujours du coté de l’humain.

Victorieux, pas dans les sondages ou par des fake news ! Victorieux par la finalité à laquelle il veut conduire ses amis. C’est Pâques qui pointe dans 7 jours!

Humble ! Ce mot est sûrement celui qui nous est le plus difficile à prononcer.

Un roi humble, un président humble, vous voyez un problème ? Un prof humble, un soliste humble, un musicien humble, un médecin humble, un pasteur humble, vous voyez un problème?

Humble… oui… mais bien sûr Monsieur !  Je ne cherche pas à me vanter, je ne fais pas de différences entre les personnes. Mais alors qu’est-ce que c’est l’humilité ?  L’humilité à la sauce helvétique consiste à la discrétion (…) ce qui est une forme très confortable de l’humilité. C’est aussi une sorte de protection,  ici on ne fait pas de vague et on reste discret, surtout sur certains sujets !

Mais voilà, l’humilité vécue par Jésus est toute autre, c’est une humilité qui accepte l’abaissement, qui accepte de changer de statut !

L’humilité selon Jésus, c’est monter sur un ânon, pas juste pour la photo comme certains dirigeants vont dans des usines d’ouvrier pour montrer leur proximité, pour qu’ils comprennent combien on pense à eux ! L’humilité selon Jésus, c’est vraiment prendre une posture différente et le vivre pleinement.

Dans les sujets qui fâchent toujours il y a la question des salaires, des privilèges, de nos statuts et fonctions.  Vivre l’humilité dans ces domaines précis consisterait à ce que je change de posture intérieure, d’habitude de consommation, de choix matériel (…) que je laisse de côté mon aptitude à la comparaison !

Mais juste de dire cela, j’entends déjà la foule qui revient (…)  Parce que la foule acclame ceux qui servent ses intérêts ou souvent ceux qui se montrent capables de la convaincre qu’ils le feront. La foule, elle n’acclame pas celui qui invite à l’humilité, ni celui qui invite au droit.

Enfin oui, elle l’acclame jusqu’au moment où elle comprend qu’elle doit elle-même changer ses habitudes et ses comportements (…)

Dans cette histoire, il n’y en a qu’un qui reste droit sur son ânon, avant d’être droit sur une croix puis droit devant son propre tombeau. Dans cette histoire, il y en a qu’un qui reste droit.  Et dans votre histoire, comment se nomme-t-il?

AMEN   

Tout est une question de nombre (Philippe Zeissig)

Tout est une question de nombre.
Si vous pouvez dire: « Je demande ça au nom de dix-milles personnes » on vous écoutera.
Mais si vous devez dire, « c’est mon idée », même si ce que vous dites est très juste et très important, on ne vous écoutera guère:
le nombre fait mieux le poids que la vérité.
Même pour se donner une excuse.
Quand on rentrait de l’école avec une mauvaise note, si on pouvait dire: « Toute la classe a plongé! », on était bon.
Et l’homme d’âge mûr, s’il a trouvé une « combine », dit encore: « Tout le monde fait comme ça ».
Le nombre c’est l’argument, c’est la raison, c’est la force.

Seulement, dans les grandes affaires de la vie, on est rarement le nombre. ON est souvent seul pour décider, seul pour choisir, seul pour souffrir, seul pour vieillir, seul pour mourir.

Alors il y en a un qui reste droit sur son ânon, droit sur sa croix, droit face à son propre tombeau… et droit à coté de nous, mettant son épaule contre la nôtre.

Cela ne fait pas le nombre, mais cela fait la force.
Et c’est la vraie, la force qui ne vient pas du nombre mais de la vérité:
Nous ne sommes pas seuls.

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