Texte méditatif  I

Je ne sais pas si vous êtes comme moi… mais plus le temps passe, plus j’ai l’impression que je perds des objets ! Oh ! des choses toutes simples. Combien de fois est-ce que je dis « Zut … je ne retrouve pas mes clés » ou « Qu’est-ce que j’ai bien pu faire de mon porte-monnaie ». J’ameute alors un maximum de personnes autour de moi et finalement quelqu’un retrouve mes clés ou mon porte-monnaie.

Naturellement, on peut perdre d’autres choses, que personne ne rapportera jamais. On peut perdre son temps, on peut perdre la tête … on peut aussi perdre la foi.

C’est d’ailleurs assez drôle d’entendre quelqu’un dire « J’ai perdu la foi » comme si avant-hier, il l’avait laissé tomber sur le trottoir.

En réalité, on ne perd pas la foi comme on perd ses clés. On la perd comme on perd l’anglais. L’anglais qu’on savait et qu’on ne sait plus, inutile d’aller le chercher sur le trottoir : j’ai perdu mon anglais, à force de ne plus le parler. Tout simplement.

Il y a des choses que l’on perd parce qu’on les laisse tomber. Il y en a d’autres qu’on perd parce qu’on les laisse mourir.

 

Lecture biblique : Epître aux Romains, chapitre 7, 19-25

Le bien que je veux, je ne le fais pas, et le mal que je ne veux pas, je le fais.  Mais si je fais ce que je ne veux pas, ce n’est pas moi qui agis, c’est le péché qui habite en moi.

Ainsi, je découvre cette loi : quand je veux faire le bien, c’est le mal qui se présente

à moi. Au fond de moi-même, la loi de Dieu me plaît. Mais je trouve dans mon corps une autre loi, elle lutte contre la loi avec laquelle mon intelligence est d’accord. Cette loi me fait prisonnier de la loi du péché qui est en moi. Me voilà bien malheureux ! Qui va me libérer de ce corps qui me conduit vers la mort ? Dieu soit loué, par Jésus-Christ notre Seigneur.

 

Méditation

Honnêtement, un passage de l’Epître aux Romains pour une méditation brève dans le cadre de « Cantate et Parole », c’est risqué.

  • Juste avant Noël, je ne l’aurais pas fait !

J’aurais pensé « chacun est en train de préparer Noël, les veillées, les amis, la famille, les retrouvailles … » ce n’est pas le moment.

  • Juste après Noël, je ne l’aurais pas fait non plus. J’aurais pensé : « pour se guérir des excès des fêtes, l’Epître aux Romains, ce n’est pas le bon texte »
  • En fin de saison, du côté d’avril ou mai, je ne l’aurais pas fait non plus en pensant :  C’est bientôt l’été… trouvons quelque chose de plus léger ».

Mais à la rentrée,

  • lorsque nous avons encore quelques traces de bronzage,
  • lorsque nous sommes encore remplis de la chaleur de l’été
  • lorsque nous avons fait le plein de repos, de sport, de distractions en tous genres,

à la rentrée, à l’époque des bonnes résolutions :

pourquoi pas ?

Pourquoi pas un verset de l’Epître aux Romains, ce d’autant que ce verset est central dans cette cantate et qu’il lui a même donné son titre ?

A relire le texte du premier récitatif, on se dit que les livrets, chez Bach, sont tout de même terriblement répétitifs. Toujours le poids du péché. Toujours le croyant écrasé par ses fautes.

Tandis que le poison des péchés fait ses ravages dans ma poitrine et dans mes veines le monde m’apparaît tel un hospice et une maison mortuaire.

C’est léger !

Ça ne suinte pas l’espérance !

Que dit Paul en résumé ? Il dit ceci :

Entre ce que je fais et ce que je veux faire, il y a parfois un monde.

C’est à cause du péché qui est en moi.

Bon.

Outre le fait que le mot « péché » ne passe plus … même chez les théologiens, même chez les chrétiens. Parce que c’est culpabilisant, c’est ringard de parler du péché. Il se trouve que le mot revient si souvent dans la Bible que je préfère essayer de le clarifier, plutôt que de le jeter par-dessus bord.

Faisons d’abord la distinction entre « le » péché et « les » péchés.

Le péché, comme un arbre

Les péchés, c’est comme les fruits de cet arbre, les conséquences du péché.

Mais alors le péché, c’est quoi ? Pour faire bref, disons que le péché est une incompréhensible fermeture à l’amour.

Mais lorsqu’on a fait cette distinction, on ne répond pas encore à la question de savoir comment retrouver un peu d’espérance – ou de courage – à travers le texte d’une cantate comme celui que nous entendons aujourd’hui ?

Il me semble qu’on peut répondre à cette question en évoquant trois pistes :

  • Première piste, on pratique l’euphémisme. Comme ne dit pas « il est mort », on dit « il est passé de l’autre côté ». On ne dit pas « il trompe sa femme », on dit : « Il a une relation ». On ne dit pas « il vole son patron », on dit « il trafique un peu la compta ».

Pour le péché, on peut parfaitement faire la même chose en disant… « Au fond, je n’ai rien fait de très grave … c’est juste une bêtise, un péché mignon… ». C’est oublier qu’il n’y a pas de gradation dans le péché. Il n’y a pas d’échelle du péché. Tuer n’est pas un péché plus grand que mentir. Donc au fond, lorsqu’on pratique l’euphémisme pour parler du péché… on ne prend pas le péché au sérieux.

  • Deuxième piste, qui permet à l’avocat de l’humain de plaider « non coupable », ou en tous cas d’invoquer une culpabilité atténuée : une donnée historique. A l’époque de Bach, si je fais quelque chose de mal, de mauvais, c’est que, quelque part, j’ai voulu le faire. Mais entre Bach et nous, il y a eu Freud. Freud qui nous a fait découvrir l’inconscient, ce lieu de mémoire refoulée, de désirs inavoués, de traumatismes enfouis. L’inconscient qui est cette immense part mystérieuse en nous-mêmes que nous connaissons mal et qui affleure parfois sous la forme de rêves, de lapsus ou d’actes manqués. La prise en compte de l’inconscient nous oblige à mesurer les choses différemment. Elle nous permet notamment de découvrir ce dont nous ne sommes pas consciemment responsables.
  • Et puis, troisième piste, il y a ce que Paul dit lui-même à propos de ce « péché ».

Paul ne dit pas « je découvre une loi qui me prend prisonnier du pécheur que je suis », mais « je découvre une loi qui me prend prisonnier du péché qui habite en moi ».

Cette distinction est essentielle.

Au fond, Paul dit que le péché est un « locataire ».

Il est mon locataire.

Certes, un locataire parfois gênant, bruyant, violent.

Un locataire qui abîme les moquettes, les tapisseries, et qui fait parfois peur à mes voisins.

Mais rien de plus qu’un locataire.

Et pour ce type de locataire, il n’y a pas d’asloca !

Cela veut donc dire qu’un jour, on peut revoir le bail voire le dénoncer…

Et pour le coup, la finale de Paul devient alors parfaitement compréhensible : « Dieu soit loué, par Jésus-Christ notre Seigneur ».

 

Texte méditatif II

Quand je pense à Toi, je me dis :

Heureusement que Tu n’es pas le Dieu de la perfection.

Et heureusement que Tu ne ressembles pas à ce que qu’on imagine … l’infini, l’absolu, le tout puissant …

Moi, j’aime bien quand tu dis : les premiers seront les derniers

Et les derniers seront les premiers.

J’aime bien cette promesse.

Non que j’attende une revanche, mais j’aime bien cette promesse.

C’est parce que tu es comme ça que je peux t’avouer ce que tu sais déjà.

Tu me connais : je ne me repens pas souvent

La repentance, c’est un vieux mot qui irrite la gorge et agace le cœur.

Je te dis simplement à Toi, ce que je ne peux dire à personne.

Ni à mon pasteur, ni à mes amis et encore moins à ma famille.

J’aimerais tellement être ceci et cela.

Etre singulier et semblable aux autres…

Etre passionné par ce que je fais et totalement disponible

Etre neuf, pour une histoire nouvelle … et riche de vieux savoirs

Etre humble devant toi et fier d’être ton enfant

Si tu pouvais m’apprendre à renoncer sans avoir le sentiment de perdre

A construire sans maitriser, je crois que ce serait bien.

Amen.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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