Texte méditatif

« Mon « moi » idéal est un ascète béat
Qui loue l’Eternel au lever du soleil
Fait quelques étirements  pour l’entretien du corps
Mange lentement quelques fruits frais
Pour son hygiène alimentaire
Et ne résiste pas à se plonger
Sans plus attendre,
Dans la manne de l’Evangile.
Manne qui l’attend,
Bras ouverts et cœur battant,
Pour commencer la journée
En s’arrimant tout simplement à l’essentiel.

Mon « moi » réel
Maudit le jour de l’extirper brutalement de l’oisiveté
Du sommeil,
S’oriente au radar dans une maison continuellement
en désordre,
Cherche une tenue de saison pour son plus jeune fils
Qui n’a plus rien à se mettre depuis six mois,
Balaie d’un revers de la manche
Les restes du repas de la veille
Pour faire place plus ou moins nette
Au petit déjeuner.
Et chaque matin, mon « moi » idéal préférerait aller se recoucher
Plutôt que d’ouvrir la Bible.

C’est sans doute pour cela
Que j’ai accepté cette folie
D’une chronique hebdomadaire dans le Journal Réforme. »

Et nous pourrions dire
C’est sans doute pour cela
Qu’une fois par mois,
Nous prenons le temps de Cantate et Parole
Le temps d’une méditation en musique d’abord
En quelques mots ensuite.

Lectures bibliques

Psaume 23, 1-6

Cantique de David.

L’Eternel est mon berger : je ne manquerai de rien.
Il me fait reposer dans de verts pâturages, Il me dirige près des eaux paisibles. Il restaure mon âme, Il me conduit dans les sentiers de la justice, A cause de son nom.  Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi: Ta houlette et ton bâton me rassurent. Tu dresses devant moi une table, En face de mes adversaires; Tu oins d’huile ma tête, Et ma coupe déborde.
Oui, le bonheur et la grâce m’accompagneront Tous les jours de ma vie, Et j’habiterai dans la maison de l’Eternel Jusqu’à la fin de mes jours

Méditation

« Le Seigneur est mon berger »

Voici un des textes les plus connus de la Bible.
Un texte, une prière, qui dit parfaitement la confiance
Qui dit la reconnaissance,
Qui dit l’attachement,  
Et en même temps, un texte qui peut apparaître
Comme totalement gratuit.
Beau, bien sûr, mais inutile.
Qu’est-ce que cette histoire de berger, de pâturages,
D’eaux paisibles et d’onction d’huile ?
Quel rapport entre ces images d’Epinal et ce que je vis,
au quotidien ?

Quand je lis les journaux
Quand je regarde la télévision
Quand je mesure jusqu’où va la maladie de richesses des hommes dans les Panama papers,
Quand j’apprends qu’en Angola, un enfant sur trois souffre de malnutrition,
Quand on me dit que les menaces de Daesh en Europe sont toujours aussi bien réelles…

Je me sens proche de ce que chantait la basse tout à l’heure
Et j’ai envie de dire avec lui
« Comment puis-je faire tranquillement mon devoir lorsque les soupirs sont ma nourriture et les larmes ma boisson »

Je me sens proche de la soprano
qui chantait: « Y a-t-il quelqu’un pour me secourir ? »

ou de l’alto, qui chantait
« Les soucis reviennent, irrémédiablement, tous les matins.
C’est pour cela que je me plains constamment ».

Et je me demande
en quoi les réponses du chœur sont de vraies réponses ?

–    Le Seigneur sait bien de quoi tu as besoin
–    Le ciel et la terre sont à lui
–    Dieu ton père se tient auprès de toi, dans toutes tes souffrances

C’est dit en d’autres termes…
Mais au fond cela reprend bien les mots de la confiance du Psaume 23
« Ne te fais aucun souci, Dieu t’aime et il est avec toi, c’est lui le bon Berger. »

Spontanément, j’ai envie de dire: « ça me fait une belle jambe. »

Non, sérieusement.
A moins d’être un adepte convaincu  de la méthode Coué
Et d’être certain à force de me répéter « Le Seigneur est mon berger, le Seigneur est mon berger, le Seigneur est mon berger », je finirai par m’en persuader et par considérer que ma vie va mieux …
Je ne vois pas l’intérêt.
***
Vous le savez bien :
Vous l’avez lu, on vous l’a répété
Lorsque Jean-Sébastien BACH choisit des textes, des paroles et les distribue… il fait une véritable prédication.

Qu’est-ce qu’il fait dans le cas présent ?
Il confie à trois solistes une plainte.
La soprano, l’alto et la basse se plaignent en disant :
–    je suis méprisé
–    je suis abandonné
–    Dieu s’occupe des oiseaux et des corbeaux, mais moi, je peux crever tout seul. (Il ne le dit pas exactement comme ça, mais c’est ça que ça veut dire)

ET il confie au chœur – c’est-à-dire la communauté – une réponse.

Cette réponse peut-être lue comme superficielle et gratuite, naturellement ; elle peut-être aussi lue comme une véritable réponse. Une réponse sous trois aspects :

1.    D’abord, pour souligner qu’il y a, autour, devant, derrière l’individu qui se plaint de sa situation, un groupe, une communauté qui n’est pas indifférente. La plupart du temps, lorsque nous avons le sentiment que tout va mal, nous ne voyons même plus ceux qui nous entourent. Nous sommes tellement préoccupés par notre situation que nous vivons comme si nous étions seuls sur une île déserte. Avant même de me dire quelque chose de particulier, par sa seule présence,  le chœur me dit « On est là. Tu n’es pas tout seul »

2.    Ensuite, le choeur n’est pas là pour donner la « réponse officielle », bien sûr,   mais dans un moment de vie difficile peut-être même insupportable, pour distraire celui qui se plaint. Non pas au sens léger, bien sûr. Pas pour le divertir en lui racontant un gag. Mais étymologiquement pour le « séparer », pour le « tirer », détourner un moment. Lui permettre de regarder ailleurs. Dit de manière plus triviale, pour lui éviter d’avoir constamment « la tête dans le guidon ».

3.    Lui permettre de regarder ailleurs en regardant quoi ? Peut-être en regardant tout simplement sa vie de manière plus globale.  Il se peut qu’aujour-d’hui  je me sente effroyablement mal … C’est vrai. Il faut que les autres prennent ma situation au sérieux. Mais est-ce une raison pour oublier les jours, les semaines, les mois où j’ai été bien ? Non !  Au fond, la communauté, le chœur, m’aide à prendre un tout petit peu de distance sinon de hauteur, pour m’éviter la tentation de croire que toute ma vie se résume au moment que je vis actuellement.

Et puis la réponse du chœur m’interroge aussi sur mon état général de confiance ou de défiance.
Au fond, quand je vais mal,
Quand je vais très mal,
Qu’est-ce que j’éprouve « a priori » ?
De la méfiance ?
Et je me dis « Ah ! ça, c’est encore un coup de l’Eternel des Armées. J’en étais sûr. J’étais sûr que ça finirait comme ça… »
Ou de la confiance ?
Je me dis alors « J’avoue que je ne comprends pas comment je peux être plongé dans un malheur pareil… alors que je crois en un Dieu qui aime ses enfants. Aujourd’hui, je ne comprends pas. Mais je vais lui laisser le bénéfice du toute. J’ai confiance. Je comprendrai peut-être demain. »

Nous sommes constamment obligés de choisir entre la confiance et la défiance.  


« Un jour, à Brooklyn, raconte Elie Wiesel, j’ai demandé au célèbre Rabbi Mena‘hem Mendel Schneersohn de Lubavitch : “Comment peut-on croire en Dieu après Auschwitz ?” Et lui de me répondre : “Après Auschwitz, comment ne pas croire en Dieu ?” Au premier abord, la remarque m’a paru fondée : Puisque tout le reste a échoué – civilisation, culture, éducation, humanisme – comment ne pas se tourner vers le ciel ?
Et puis je me suis ressaisi : “Si vos paroles constituent une question, je l’accepte volontiers ; si elles se veulent une réponse, je la récuse.”»

Texte méditatif

Une nuit, j’ai eu un songe.
J’ai rêvé que je marchais le long d’une plage, en compagnie du Seigneur.
Dans le ciel apparaissaient, les unes après les autres, toutes les scènes de ma vie.
J’ai regardé en arrière et j’ai vu qu’à chaque période de ma vie,
il y avait deux paires de traces sur le sable:
L’une était la mienne, l’autre était celle du Seigneur.
Ainsi nous marchions, tous les deux,
jusqu’à ce que tous les jours de ma vie aient défilé devant moi.
Alors je me suis arrêté et j’ai regardé en arrière.
J’ai remarqué qu’en certains endroits,
il n’y avait qu’une seule paire d’empreintes,
et cela correspondait exactement avec les jours les plus difficiles de ma vie,
les jours de plus grande angoisse,
de plus grande peur et aussi de plus grande douleur.
Je l’ai donc interrogé :
 » Seigneur… tu m’as dit que tu étais avec moi tous les jours de ma vie
et j’ai accepté de vivre avec Toi.
Mais j’ai remarqué que dans les pires moments de ma vie,
il n’y avait qu’une seule trace de pas.
Je n’arrive pas à comprendre
que tu m’aies laissé seul aux moments où j’avais le plus besoin de Toi. « 
Et le Seigneur répondit :
 » Mon fils, tu m’es tellement précieux ! Je t’aime !
Je ne t’aurais jamais abandonné, pas même une seule minute !
Les jours où tu n’as vu qu’une seule trace de pas sur le sable,
ces jours d’épreuves et de souffrances, eh bien: c’était moi qui te portais. « 
Mary Steel Stevenson (née Kelly)

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