Texte méditatif d’entrée
Il fait sombre, c’est la nuit…
si la nuit se fait si longue
ce n’est pas juste la saison,
ni que les jours soient trop petits…
c’est que le cœur est trop serré
et qu’il a peine à s’élargir…
s’il fait froid, si froid entre nous
et parfois même en nous,
ce n’est pas une affaire de degrés…
c’est que le courage se défait
devant l’ampleur du malheur
qui assaille notre terre.
Pourquoi l’obscurité ?
Pourquoi l’impossible fraternité ?
Faut-il se retirer, abandonner ?…
déserter pour la fatalité ?
A s’exiler ainsi, à s’enfermer,
on se prive de ce qui n’est pas encore né…
Et ce qui pourrait naître aujourd’hui
serait comme divinement signé !
Au froid et à la longue nuit
répond la joie et l’abouti…
Texte biblique : extraits d’Esaïe 60
Redresse-toi ! Eclaire ! … Oui, elle vient ta lumière !
La densité rayonnante de Dieu t’habite !
Certes, la ténèbre obscurcit la terre et le brouillard brouille les villes…
Mais la force rayonnante du Seigneur fait qu’on te distingue…
Alors les peuples seront attirés par cette densité,
Et même les puissants parmi les humains seront entraînés…
Finies les portes fermées !… Tes portes seront toujours ouvertes, de nuit comme de jour,
Et l’on pourra faire entrer la cohorte des peuples et leurs chefs alignés…
C’est la paix que j’institue pour toi !
Plus de dictature… seulement la justice !
La violence sera sans voix
Plus besoin de razzia, plus besoin de cassure…
Plus de muraille… plus de cadenas…
A leur place on criera Jéshoua : salut !…
et tehila… louange !
Alors tu n’auras plus besoin de soleil pour marquer le jour
Ni de lune pour éclairer la nuit
Car Dieu, et Dieu seul, sera pour toi la vraie lumière
Il deviendra ta propre existence !
Et les jours sombres, les jours néfastes, les jours funestes seront révolus…
Moi, le Seigneur, j’accélère ce temps-là et je fais irruption dans votre vie !
Temps de parole
Silence…
Emotion… vibration… sensation… élévation…. Exultation…
Silence
Frémissement… jaillissement… émerveillement… ravissement… au-delà des mots…
Voilà les registres dans lesquels la musique nous place ce soir, des registres qui traduisent des paroles que l’entendement confine souvent dans le cerveau pensant et raisonnant de notre hémisphère gauche… Voilà des registres propres à stimuler tout l’hémisphère droit des sensations, de ce que nous pouvons ressentir et qui nous transporte et nous bouleverse… et alors un équilibre, une harmonie, peut se mettre en place entre les deux hémisphères, entre ces deux approches qui nous sont aussi utiles pour vivre bien que nos deux jambes nous sont nécessaires pour marcher…
Dans son traité « Aux Adorateurs de la Musique », Martin Luther écrivait : « rien n’est plus uni à la Parole de Dieu que la musique… » et avant lui, Saint Augustin disait : « qui bien chante, deux fois prie ! »
Bach en est un fameux témoin !
La musique que vous nous offrez ce soir est semblable à la lumière qui révèle, qui ouvre, qui élargit : celle du phare qui, dans la nuit, fait frémir l’espérance, celle de l’étoile filante qui déchire l’obscurité, celle de l’aube, inarrêtable, qui prélude au jour, celle de la bougie qui, fragile, n’en fait pas moins reculer la ténèbre, ou celle, fracassante, des éclairs de l’orage, qui comme la semaine dernière, a nettoyé le ciel pour qu’une aube pure et claire nous accueille au matin de jeudi…
Par la musique qui nous arrache à nos raisons raisonnantes pour les compléter, les faire vibrer, vous nous aidez à comprendre plus largement la parole de lumière qu’Esaïe proclamait il y a plus de 2’500 ans ! Cette parole qui affirme que la lumière vient, n’en finit pas de venir…
Qu’elle attire l’attention, n’en finit pas d’attirer l’attention…
Qu’elle dirige et conduit, n’en finit pas de conduire et d’indiquer la direction…
Que cette lumière, densité de Dieu – quelle belle expression ! – prend finalement place en nous, n’en finit pas de vouloir prendre place en nous.
Si, dans un 2ème temps, elle peut éclairer notre route, dans un 1er temps elle nous illumine… lorsqu’elle fait irruption, lorsqu’elle prend place en nous !
Notre difficulté face à Noël, c’est que nous baignons dans cette douce lumière depuis notre enfance et que nous nous y sommes tellement habitués que nous n’en recevons plus le choc salutaire.
En électricité, c’est lorsque le courant trouve une résistance qu’il provoque chaleur ou lumière… J’aime cette idée que nos résistances à Dieu, face à Dieu, peuvent nous faire devenir lumière et chaleur pour les autres, témoins; comme si ces résistances étaient utilisées par la source de la lumière et de la vie, et comme si la lumière divine avait besoin de nos résistances humaines…
Mais quelle patience il a fallu ! quel temps long et probablement nécessaire il a fallu pour que CELA aboutisse ! et que d’aléas, que de combats et de défaites, que de faux espoirs déçus, jusqu’à ce que naisse celui qu’on n’allait que difficilement reconnaître tant il était semblable à tous les autres… Il paraît qu’il existe en Chine une espèce de bambou tout à fait étonnante : si l’on en sème une graine dans un terrain approprié, il faut s’armer de patience. En effet, la 1ère année, il ne se passe rien ; aucune tige ne daigne sortir du sol. La 2ème année, non plus. La 3ème pas davantage. La 4ème alors ? eh bien non ! Ce n’est qu’à la 5ème année que le bambou pointe enfin le bout de sa tige de terre. Mais alors, il va pousser de 12 mètres en un an ! Quel rattrapage ! que s’est-il passé durant tout ce temps ? Il a développé de prodigieuses racines qui lui permette cette croissance exceptionnelle… Belle métaphore pour parler du lent travail préparatoire de Dieu pour la venue du Messie…
Un Tout Autre qui se fait connaître par le tout proche, l’enfant de Noël, surprenante révélation non seulement pour notre esprit, mais aussi pour tout ce qui en nous capte, saisit, ressent : ce Jésus qui parle nos mots, qui ressent nos émotions, qui se réjouit et qui se lamente, qui souffre et qui touche, qui pleure et qui meurt… Ce Jésus irremplaçable, tout proche, tellement Dieu qu’il en est devenu humain…
Sois le bienvenu, lumière pour nos vies, lumière et chaleur en nous et pour les autres… prends ta place en nous… que nous devenions toi…
Texte méditatif final
C’est une histoire de toujours,
une histoire de tous les jours ;
c’est une histoire de naissance,
l’histoire de notre naissance.
Mais naître ne va pas sans peine…
Pourtant c’est toujours la fête :
Il y a ce désir profond
de vivre pleinement Noël…
et nos questions sur cette fête…
en nous l’envie d’être en foi
et la peur de nous perdre en toi !
il y a cette faim de sens
et nos révoltes face aux non-sens…
cette soif de relations vraies
et le proche qui soudain effraie…
……
déposer ces contradictions
non pour que Tu les effaces,
mais pour que par la grâce
tu les retournes en traces,
en chemin d’accueil et de vie.
Pour que se lève Ta lumière
dans nos cœurs et sur nos visages
et qu’advienne la promesse,
le jour de cet avènement ;
non pas un jour du passé,
d’il y a quelque 2000 ans,
mais bien un jour d’aujourd’hui…
et nos vies s’ouvriront, comme les roses de Noël,
à contre saison !