Accueil et bienvenue

Dans un jardin d’automne
Habillé de tristesse,
Un enfant se promène
guidé par un oiseau
« Oh, dis-moi, que verrais-je si j’avais de vrais yeux? »
« Tu verrais » dit l’oiseau
Déguisant le décor
très consciencieusement
Avec de beaux mensonges:
« Un énorme jet d’eau,
entouré d’arc-en-ciel
Un gazon velouté,
Un ciel immaculé,
Des fleurs multicolores,
Des fruits sur tous les arbres
Des statues toutes blanches,
Des allées bien tracées,
Et d’autres oiseaux que moi
et tous en liberté.
Tu verras le soleil
et encore la beauté
Et puis la joie de vivre
Et beaucoup d’autre choses
que je ne sais décrire.
Tu verrais toi et moi,
Tu verrais surtout,
salué comme un prince
Par l’été et sa suite
Au fond d’un paradis!»
Dans un jardin d’automne
Habillé de tristesse,
Un enfant est aux anges,
Pendant qu’un oiseau pleure.

Evangile de Jean, chapitre 9

Sur le chemin, Jésus voit un homme qui est aveugle depuis sa naissance.

Les disciples de Jésus demandent :

  • Maître, cet homme est aveugle depuis sa naissance. Donc, qui a péché, lui ou ses parents ? »

Jésus répond :

  • Ni lui ni ses parents. Mais puisqu’il est aveugle, on va reconnaître clairement que Dieu agit pour lui. Pendant le jour, nous devons accomplir le travail de Celui qui m’a envoyé. La nuit arrive, et personne ne pourra travailler. Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. 

Après que Jésus a dit cela, il crache par terre. Avec sa salive, il fait de la boue et il met la boue sur les yeux de l’aveugle. Ensuite, il lui dit :

  • Va te laver dans l’eau, à Siloé. (Le nom « Siloé » veut dire « Envoyé »)

L’aveugle y va et il se lave. Quand il revient, il voit clair.

Cet homme était un mendiant. Ses voisins et ceux

qui avaient l’habitude de le voir avant disent :

 – Est-ce que ce n’est pas l’aveugle qui était assis et qui mendiait ? 

Les uns disent :

  • Oui, c’est lui. 

D’autres disent :

  • Non, c’est quelqu’un qui lui ressemble. 

Mais l’homme dit :

  • C’est bien moi.

Alors les gens lui demandent :

  • Tes yeux se sont ouverts comment ? 

Il répond :

  • L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue. Il l’a mise sur mes yeux et il m’a dit : “Va à Siloé et lave-toi.” J’y suis allé, je me suis lavé et maintenant je vois clair.

Les gens lui demandent :

  • Où est-il, cet homme ? 

Il répond :

  • Je ne sais pas.

 

Or, le jour où Jésus a fait de la boue et a ouvert les yeux de l’aveugle, c’était le jour du sabbat.

Les Pharisiens, eux aussi, demandent à l’homme :

  • Tu vois clair maintenant ? Qu’est-ce qui s’est passé ? 

L’homme leur dit :

  • Il m’a mis de la boue sur les yeux. Je me suis lavé, et maintenant je vois. 

Quelques Pharisiens disent :

  • L’homme qui a fait cela ne vient pas de Dieu : il ne respecte pas le jour du sabbat.

Mais d’autres disent :

  • Un homme qui est pécheur ne pourrait pas faire des signes aussi étonnants. 

Les Pharisiens ne sont pas d’accord entre eux.

Alors ils demandent encore à l’homme qui était aveugle :

  • Qu’est-ce que tu dis de celui qui t’a ouvert les yeux ? 

Il répond :

  • C’est un prophète. 

Mais les chefs juifs ne veulent toujours pas croire que cet homme était aveugle, et que, maintenant, il voit clair. C’est pourquoi ils font venir ses parents et ils leur demandent :

  • Est-ce que cet homme est bien votre fils ? Vous dites qu’il est aveugle depuis sa naissance ? Maintenant il voit. Qu’est-ce qui s’est passé ? 

Les parents de l’homme répondent :

  • Nous savons bien que c’est notre fils, et qu’il était aveugle depuis sa naissance et que maintenant il voit clair. Mais ce qui s’est passé, nous ne le savons pas. Qui lui a ouvert les yeux ? Nous ne savons pas. Interrogez-le ! Il est assez grand, il répondra lui-même ! 

Les parents disent cela parce qu’ils ont peur des chefs juifs. (…)

Alors, pour la deuxième fois, les Pharisiens appellent l’homme qui était aveugle, et ils lui disent :

  • Dis la vérité devant Dieu ! Nous, nous le savons, celui qui t’a guéri est un homme pécheur. 

Il leur répond :

  • Je ne sais pas si c’est un pécheur. Mais je sais une seule chose : j’étais aveugle et maintenant je vois. 

Alors évidemment les pharisiens lui disent des choses peu agréable et le fichent à la porte. Et je vous lis la fin du chapitre  

Jésus apprend que les Pharisiens ont mis dehors l’aveugle guéri. Jésus va donc le trouver et il lui dit :

  • Est-ce que toi, tu crois au Fils de l’homme ? 

L’homme lui répond :

  • Seigneur, qui est-ce ? Je veux croire en lui. 

Jésus lui dit :

  • Eh bien, tu le vois : celui qui te parle maintenant, c’est lui. 

L’homme dit :

  • Seigneur, je crois. 

Et il se met à genoux devant Jésus.

Ensuite Jésus dit :

  • Je suis venu dans ce monde pour que les aveugles voient clair et pour que ceux qui voient clair deviennent aveugles. Voilà le jugement. 

Quelques Pharisiens sont là. Ils entendent les paroles de Jésus et ils lui demandent :

  • Est-ce que nous sommes aveugles, nous aussi ? 

Jésus leur répond :

  • Si vous étiez aveugles, vous ne seriez pas pécheurs. Mais, en fait, vous dites : “Nous voyons clair.” C’est pourquoi vous restez des pécheurs. 

 

Méditation

Pour beaucoup d’entre nous, passée la bienheureuse époque de l’école du dimanche ou du culte de l’enfance, les miracles ne sont pas toujours des points d’accrochage de notre foi.

Plutôt des points de frottement, de friction, parfois même des points d’achoppement en tout cas, des points d’interrogation.

Dans ce récit de miracle comme dans d’autres, il y a chez Jésus quelque chose du magicien qui ne nous va pas ! Sérieusement … qu’est-ce que c’est que cette recette de salive et de boue pour guérir la cécité ?

Et ce qui est absolument génial dans ce récit, c’est qu’il est tellement touffu que non seulement, on pourrait en tirer au moins 10 prédications différentes… mais surtout qu’on pourrait en tirer 10 prédications dans lesquelles on ne parlerait jamais du miracle à proprement parler. On parlerait de tout ce qu’il y a autour.

On pourrait faire une prédication sur la question des disciples : « Qui a péché ? Lui ou ses parents ? ». C’est la fameuse question que nous nous posons tous un jour ou l’autre : « Mais qu’est-ce que j’ai bien pu faire au bon Dieu pour me retrouver dans une situation pareille ?» C’est la question de l’origine du mal. Il vient d’où ? Qui l’a suscité ? Et nous savons bien à quel point nous n’aimons pas qu’à cette question, il n’y ait pas de réponse.

On pourrait faire une prédication sur le fait que Jésus guérit cet aveugle-né le jour du sabbat !!! Provocation, bien sûr. Provocation pour prendre ses distances d’un judaïsme respectueux de la loi jusqu’à en oublier l’amour du prochain.

On pourrait faire une prédication sur les parents ! Ils sont extraordinaires, ces parents. Oui, oui, c’est bien leur fils … et il est né aveugle. Mais alors maintenant … ce qui s’est passé, ils n’en ont aucune idée… et en tout cas, ce n’est pas de leur faute. Et finalement, le gamin est assez grand pour répondre lui-même aux questions ! Allez le voir. Bravo les parents ! Cachez votre joie ! On sait bien que l’être humain partage bien plus facilement le malheur des autres que leur bonheur … mais alors là, c’est une véritable caricature.

On pourrait faire une prédication sur l’aveuglement des pharisiens.

Bref. On pourrait tout à fait éviter le miracle au sens strict du terme.

Eh bien aujourd’hui, je vous propose le contraire. Je vous propose de nous y arrêter. Justement.

Jésus guérit donc cet homme en utilisant trois éléments : la salive, la terre, et le fait d’aller se laver à Siloé.

Que la salive puisse guérir un aveugle n’est peut-être pas un grand miracle, tous les médecins coloniaux vous expliqueront qu’il y a des cas de déshydratation où l’humeur qui est sur l’œil se sèche en formant une croute de sel, rendant la personne aveugle, et qu’il suffit de la dissoudre avec de la salive pour rendre la vue.

Mais évidemment, on ne va pas s’arrêter là. Parce qu’il faudrait alors expliquer la terre … et alors là, les médecins – tout coloniaux qu’ils soient – se méfieraient à juste titre de la posologie !

  • La « recette de Jésus » telle que nous la présente Jean est évidemment d’un autre ordre. Elle d’un ordre symbolique. La salive, c’est ce que l’on use en parlant, c’est la parole, et quand Jésus guérit l’aveugle en mettant sa salive sur ses yeux, ce à quoi il est invité – et nous aussi à travers lui – , c’est à regarder le monde à travers le filtre de la parole.

Et on voit alors les choses autrement. Parce que c’est le regard que nous avons sur le monde et sur les événements de notre vie qui peut tout changer, et nous conduire vers la mort et l’enfermement s’il est négatif, ou vers la vie et la liberté quand ce regard est positif.

  • Mais la recette est plus complexe, puisque Jésus mélange cette salive avec de la terre.

N’est-ce pas pour nous dire alors, que ce qui nous sauve, c’est un mélange

de parole spirituelle et de bon sens terrien,

de foi, et de raison.

Ou encore qu’il faut, dans notre vie, mêler la Parole de Dieu avec notre propre vie terrestre et c’est quand nous faisons ce lien entre ces deux dimensions dans notre vie que quelque chose de créateur peut se passer.

Beaucoup de théologiens ont vu dans cette terre une allusion à l’acte créateur de Dieu qui a fait l’homme en le façonnant avec de la terre, bien sûr.

Et on peut dire qu’avec sa parole, Jésus invite le malade à entrer dans un processus de re-création.

  • Ensuite, 3e composante de la « recette », Jésus invite l’aveugle à aller se laver dans le bassin de Siloé. Il lui demande de prendre part au processus, il lui demande de participer à sa guérison, et de ne pas tout attendre passivement de Dieu.

Il lui demande aussi de s’éloigner de lui, de s’éloigner de Jésus, pour devenir une personne autonome dans la vie.

Et comme l’Evangéliste prend le soin de nous dire que Siloé (Shaloah en hébreu) signifie «l’envoyé, cela pourrait signifier que Jésus demande à l’homme, pour être entièrement guéri,  de passer par l’étape « envoyé », vers les autres.

Et c’est peut-être là, la clé de tout : ne plus voir les choses uniquement par rapport à soi, mais se demander ce que l’on peut apporter aux autres en se décentrant soi-même.

C’est exactement ce que va faire l’aveugle.

Il va aller vers les autres.

Il va aller vers les autres – pas toujours de son plein gré – il va leur parler de son expérience, de sa guérison, et c’est dans ces dialogues qu’il va progressivement comprendre qui est Jésus.

Au départ, il dit simplement « un homme… Jésus », puis il dira de lui « c’est un prophète », puis enfin il dira « je crois Seigneur », le reconnaissant comme le fils de l’homme.

Ainsi donc, ce qui est le plus intéressant avec ce récit – qui pouvait peut-être nous embarrasser dans sa manière de mettre en scène une « recette de guérison magique », – c’est qu’au-delà de la seule guérison de cet aveugle-né, il s’adresse à nous de manière infiniment plus générale.

Quelle que soit notre acuité visuelle, nous savons bien qu’il y a toujours ce que nous voyons et ce que nous ne voyons pas. Et Jean nous rappelle qu’en conjuguant la salive de la Parole et le bon sens de notre expérience de vie, et en partageant tout cela aux autres, nous vivrons de manière permanente de la lumière que nous aurons reçue et nous deviendrons, à notre tour, lumière du monde.

Amen.

Texte méditatif

Entre les ombres et la lumière,

Chacun de nous risque un chemin.

L’un va devant, l’autre derrière.

Mais si nous unissons nos mains,

Si nous portons ce monde lourd,

Chacun son pas, chacun son tour,

Nous pourrons voir naître le jour.

Nous marchons tout le long des nuits, nous allons d’errance en errance

Franchissant les gués de l’ennui

Pour accueillir nos différences:

Nous venons tous de nos passés,

Nos mains sont toujours un peu sales.

C’est que nous avons longtemps traversé Tant de vieux mondes en cavale.

Entre les ombres et la lumière,

Chacun de nous risque un chemin.

L’un va devant, l’autre derrière.

Mais si nous unissons nos mains,

Si nous portons ce monde lourd,

Chacun son pas, chacun son tour,

Nous pourrons voir naître le jour.

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *