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Dimanche 11 février. Un dimanche de saison entre neige et pluie. Mais un dimanche de cantate, de parole et de silence.
Bienvenue aujourd’hui à l’impressionnant choeur Pro Arte et à son directeur Pascal Mayer. Bienvenue aux solistes, Bienvenue à l’organiste. Bienvenue aux musiciens de l’orchestre.
Et bienvenue à vous, qui vous êtes déplacés en cette fin de dimanche pour retrouver ici un espace de beauté et de méditation où puiser du sens.
Bienvenue. Vous êtes chez vous.
Juste un rappel. Ce lieu est fait de musique, de parole et de silence. C’est pourquoi nous avons pris l’habitude de refréner les applaudissements jusqu’à la fin et de les déchaîner à la toute fin. Et c’est bien ainsi.

Nous entrons avec le choral…

Texte méditatif

Pour méditer, je vous offre ces paroles d’Enzo Bianchi, le prieur du monastère italien de Bose :

Les paroles de Jésus ne nous demandent pas de grandes qualités morales.
Elles ne nous demandent pas d’être innocent ou de ne pas pécher.
Elles nous demandent seulement d’aller vers Jésus, d’aller au Fils pour voir un homme, un homme comme Dieu l’a voulu, de voir Dieu dans son humanité.
La foi chrétienne est très simple. On pourrait la résumer dans cette simple affirmation :
Dieu est humain, et quiconque reconnaît l’homme reconnaît Dieu
quiconque s’humanise se divinise.
L’histoire du salut ne se divise pas entre les justes et les pécheurs, mais elle se divise entre ceux qui sont allés à Jésus parce qu’ils ont compris que Dieu est humain,
et ceux qui n’y sont pas allés, parce qu’ils ne voulaient pas accorder confiance aux humains, pensant que ce monde ne mérite pas l’espérance.

texte du 26 juin 2013

Lecture biblique

Je vais lire un bref extrait de la première lettre aux Corinthiens. L’apôtre Paul intervient dans une affaire un peu scabreuse, qui dans l’Eglise de Corinthe a fait autant de bruit qu’aujourd’hui les affaires de harcèlement sexuel. Et il dit ceci :

1 Corinthiens 6,18-19

Méditation

Vous êtes le temple du Saint-Esprit

Comment écoutez-vous une cantate ?
Il y a plusieurs manières.
On peut se laisser charmer par la musique (Bach a les moyens de nous emporter).
On peut apprécier l’interprétation des chanteurs et des musiciens, et mesurer leur talent.
On peut aussi s’arrêter aux paroles chantées.
Et moi, aujourd’hui, je me suis arrêté aux paroles chantées.
« Notre désir, ô Très-Haut, est d’être ton Temple ».
Voilà ce que vient de chanter le chœur. Et il y reviendra : être « un sanctuaire » choisi par Dieu, dont « Dieu a fait sa demeure », « Dieu élit les demeures sacrées qu’il remplit de félicité » …
Tout la cantate chante une seule chose, délivre un seul message qu’elle répète de multiples manières : être la demeure de Dieu, la résidence de Dieu, le temple du Très-Haut…
Vous attendiez-vous à cela ?
Et que pensent les choristes, quand ils chantent ça ?
Ils pensent à autre chose ? Oui, mais tout de même, ça paraît énorme : désirer être la maison de Dieu.
Comme ça, tout de suite, on pense à un esprit dérangé. Il y en a qui se prennent pour Napoléon, ou pour de Gaule, ou pour Hitler… mais être l’aubergiste de Dieu ?
Il y a des endroits où ça se soigne.

Revenons à la cantate. Ce n’est pas ça qu’elle dit.
Cette cantate était destinée à la fête de Pentecôte, la venue de l’Esprit saint, cette présence mystérieuse de Dieu en l’homme. Le feu éternel, le principe de l’amour, c’est l’Esprit saint.
Dans une affaire de mœurs un peu scabreuse, à Corinthe,
l’apôtre Paul dit : Ne sauvez-vous pas que votre corps est le Temple de l’Esprit saint ?
Je trouve que ce qu’il dit là est bouleversant.
Paul aurait pu faire la morale, parler du respect de l’autre, dire que le sexe ne doit pas être détaché de toute la personne…
Non. Ne sauvez-vous pas que votre corps est le Temple de l’Esprit saint ?
Ce qui veut dire : il y a en chacun une part divine. C’est bouleversant.
Chaque être, quel qu’il soit, femme, homme, enfant, vieillard, infirme, grabataire, aliéné, meurtrier, terroriste : en chacun, il y a une part divine.
Dans le récit de la création, on parle de l’humain fait à l’image de Dieu.
Une part divine, imprenable, hors d’atteinte pour le monde, qui fonde la singularité de chacun et fait de lui un être unique, irremplaçable.
Infiniment précieux.
Non parce que je le juge tel, mais c’est le choix de Dieu.
Emmanuel Lévinas, le philosophe juif, dit que dans la rencontre d’autrui, je perçois quelque chose de Dieu. Une valeur qui nous échappe et qui est la part de Dieu en l’autre.
Vous pensez peut-être : mais est-ce qu’on n’est pas là dans un monde de bisounours ? Parce qu’il y a dans le monde des méchants, des meurtriers, des violeurs, des mères abusives. Faudrait-il se prosterner devant leur part divine, à eux aussi ?

La cantate n’est pas naïve.
« Notre désir, ô Très-Haut, est d’être ton Temple ». Notre désir… encore faut-il le désirer, ouvrir la porte à cet hôte divin.
La vie de certains hommes, de certaines femmes, est un long refus de leur part divine. Toutes sortes de raisons (l’éducation, l’histoire personnelle, les influences, l’enfance sacrifiée), toutes sortes de raisons ont fait qu’ils n’ont pas pu, pas voulu reconnaître leur part divine.
Mais le pari chrétien sur l’humain est là : éveiller en chacun sa part divine. Elle n’est pas un droit, mais une vocation : être un maillon de Dieu dans la chaîne de l’humanité.
La première chose à dire de l’autre, avant de constater qu’il est blanc ou noir, ou beau ou laid, ou jeune ou vieux, ou fort ou fragile, ou doué ou pas, ou brillant ou médiocre, ou attirant ou repoussant,
la première chose : quelque part en lui, en elle, enfermée au plus profond de son être, oubliée ou activée, la part divine qui lui confère son irremplaçable valeur.
Ne savez-vous pas que votre corps est le Temple de l’Esprit saint ?

Prendre quelqu’un en photo (et Dieu sait si on s’y emploie avec nos smartphones), c’est capter la beauté unique de son visage.
Le pari chrétien sur l’autre, c’est de capter en lui, en profondeur, sa part divine. Sa vocation à être maillon de Dieu dans la chaîne humaine.

Texte méditatif

Je vous invite à partager ce texte de Jean Debruynne, qui est une confession de foi.

Mon Dieu, je crois.
Je crois en toi
et parce que je te crois
je crois l’homme, je le crois pour de vrai.
Je crois l’homme de justice et de paix.
je crois l’homme qui désire et qui aime,
je crois l’homme qui construit et qui sème,
je crois l’homme qui invente et qui rêve,
je crois l’homme qui cherche et qui se lève.

Dieu, je crois l’homme qui est ton image,
je crois que chaque homme est ton visage,
je le crois devant l’homme malade et l’homme en prison,
devant l’homme au chômage et l’homme sans maison,
je le crois devant l’homme étranger et l’homme qui a faim,
je crois Jésus en chaque visage humain.

Je crois le Dieu de Jésus-Christ,
le Père, le Fils et le Saint-Esprit.

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