Texte méditatif
Toute ma vie, j’ai prié Dieu
Comme on s’adresse au capitaine
L’éclair d’acier bleu dans les yeux
Le galop blanc qui le ramène
Cavalier chevauchant les cieux
Jusqu’à l’autre bout de la terre.
Toute ma vie, j’ai prié Dieu
Avec le seul droit de me taire
Un Dieu sévère, bien trop curieux.
Mais voici que nous naît un Dieu
Dont le regard est un enfant
Toute ma vie, j’ai prié Dieu
Qui comptait la terre et les cieux
Parmi ses lointaines provinces
Il fallait le payer au mieux
En privations, en sacrifices
Toute ma vie, j’ai prié Dieu
En lui passant tous ses caprices
Et quand les temps nous sont venus
Je n’ai trouvé qu’un enfant nu.
Toute ma vie, j’ai prié Dieu
Agenouillé devant les prêtres
Il me demandait d’être pieux
D’obéir et d’aimer nos maîtres.
Toute ma vie, j’ai prié Dieu
Distributeur de la fortune
Banquier de la terre et des cieux
Entrepreneur d’astres et de lune
Petit comptable, avaricieux,
De nos péchés et de nos manques
Et quand les temps nous sont venus
Je n’ai trouvé qu’un enfant, nu.
Lecture biblique
1Voyez : le Père nous aime tellement qu’il nous appelle ses enfants, et c’est vrai, nous sommes ses enfants ! Mais le monde ne nous connaît pas, parce qu’il n’a pas connu Dieu. 2Amis très chers, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons plus tard, cela reste encore caché. Voici ce que nous savons : quand le Christ paraîtra, nous le verrons comme il est, alors nous lui ressemblerons
Temps de parole
Voyez quel amour le Père nous a montré pour que nous soyons appelés « enfants de Dieu ». Et nous le sommes ! (1 Jean 3, 1)
– Est-ce que cela vous dérange si on se tutoie ?
Non, non rassurez-vous. Ce n’est pas une question que je vous pose à vous, directement, maintenant. En ce qui nous concerne, on verra plus tard. Mais c’est une question que vous avez – que nous avons – tous posé un jour ou l’autre. Surtout lorsqu’on « avance en âge » et que nous avons appris que c’est toujours au plus âgé de la poser !
– Est-ce que cela vous dérange si on se tutoie ?
Délicieux moment que connaissent les francophones, les germanophones, les italophones … mais pas les anglophones, par exemple. Délicieux moment qu’on ne connaît pas si on se tutoie d’entrée de jeu parce qu’on pratique le même métier, le même sport, les même loisirs … mais que l’on vit lorsque pendant des mois, parfois des années, on s’est « vousoyé » et que tout à coup on prend la décision de se « tutoyer ».
Alors on fait « schmolitz ».
Et on pressent qu’à partir de là, se dire les choses agréables comme les choses désagréables, sera plus simple. Evidemment le « tutoiement » n’est pas en lui-même un gage de proximité. On peut parfaitement être proche lorsqu’on se dit « vous » et rester éloignés l’un de l’autre lorsqu’on se dit « tu ». N’empêche !
A Noël – pardonnez le raccourci – c’est exactement ce qui se passe ! Peut-être pas le jour de Noël, mais à partir de Noël – Dieu fait « schmolitz » avec nous, il nous propose de le tutoyer. Lorsque l’enfant qui naît à Noël sera devenu adulte et que ses disciples lui demanderont : comment est-ce qu’on doit prier « correctement », il leur répondra : « ce n’est pas compliqué
…lorsque tu veux prier, entre dans ta chambre, ferme la porte et prie ton Père qui est là, dans cet endroit secret.
7« Quand vous priez, ne répétez pas sans fin les mêmes choses comme les païens : ils s’imaginent que Dieu les exaucera s’ils parlent beaucoup.
Non. Dis simplement … « Notre Père qui es dans les cieux »
Appeler Dieu « Papa ». ou « Père ».
Pas « Seigneur »
« Monseigneur »
« Son Eminence »
« Sa Sainteté »
« Altesse »
« Révérend »
« Maître »
Non… simplement « Père » ou « Papa ».
C’est devenu si fréquent dans nos liturgies qu’on n’y pense même plus. « Dieu notre Père ». C’est une manière aisée de nous adresser à Dieu, une manière que nous aimons … que nous répétons souvent. Mais à l’époque de Jésus, c’est une véritable révolution.
Dans l’Ancien Testament, le concept de « Dieu en tant que père » apparaît très rarement ! 15 fois, en tout et pour tout. Et plutôt dans le cadre de la relation entre Dieu et son peuple ou dans la relation entre Dieu et le roi. Dans le judaïsme d’avant Jésus-Christ, c’est très occasionnellement que cette idée de Dieu père apparaît. Et nous comprenons alors l’étonnement que provoque Jésus lorsque non seulement il s’adresse à Dieu en l’appelant « papa », mais qu’en plus, il demande à ses disciples de faire de même !
Et c’est cela qui conduira Jean à écrire dans sa première lettre, au chapitre 3 : « Voyez : le Père nous aime tellement qu’il nous appelle ses enfants »
Pas « ses sujets »
– Ses serviteurs
– Ses employés
– Ses subordonnés
– Ses vassaux
– Ses esclaves
– Ses domestiques
– Ses laquais
– Ses larbins
Non : ses enfants !!!
Ses « enfants » parce qu’il est notre créateur. C’est ce que dit Moïse dans son dernier discours à la fin du Deutéronome :
Le SEIGNEUR est un solide rocher. Toutes ses actions sont parfaites,
5Mais vous, peuple mauvais et corrompu, vous avez mal agi envers lui.
Est-ce que le SEIGNEUR n’est pas votre père, celui qui vous a créés, celui qui a fait de vous son peuple ?
Ses « enfants », nous le sommes aussi parce que Dieu nous aime.
Comme un père aime ses enfants
Le Seigneur aime avec tendresse ceux qui le respectent (Ps. 113)
Admettons … mais qu’est-ce que ça change ?
Est-ce que cela signifie que je n’ai plus de respect à devoir à Dieu et que je peux lui dire tout ce qui me passe par la tête et avec le vocabulaire que JE choisirai ? Peut-être pas.
Il faut éviter des anachronismes qui pourraient générer des contresens. Dans l’Orient de Jésus, on ne saurait parler de « l’enfant roi ». Dans l’Orient ancien, le statut social de l’enfant est très faible. L’enfant doit avoir un véritable « respect » pour le père. Et un père qui va jusqu’à considérer ses enfants comme des serviteurs bon marché n’est pas véritablement un mauvais père. De toute manière, il a sur eux droit de vie et de mort. Dans l’Orient ancien, c’est tout à fait normal qu’un père dise à son fils: Mon enfant, va aujourd’hui travailler dans ma vigne (Matt. 21:28). Et l’enfant est là pour ça aussi : c’est son rôle de fils.
Donc être considéré comme «enfant de Dieu », se considérer comme « enfant de Dieu » ce n’est pas disposer d’une totale liberté de comportement et de parole. Encore que … Encore que lorsque nous relisons les Psaumes, nous sommes parfois invités à nous interroger sur notre « politesse » à l’égard de Dieu. En bons protestants, nous sommes toujours prêts à faire acte de contrition, à avouer nos manques, à confesser nos erreurs, mais peut-être pourrions-nous parfois puiser chez David ou chez Job un peu de caractère et oser dire à Dieu « Non ! Je ne suis pas d’accord ! Je ne veux pas ! Quand il m’arrive ceci ou cela … je trouve que tu ne te comportes pas comme « mon » Dieu ».
Mais ce n’est peut-être pas entre la soumission systématique et l’insurrection adolescente que se joue le passage qui fait de nous des « enfants » de Dieu. Lorsque nous sommes accueillis comme enfants de Dieu, il se passe un peu la même chose que lorsque Jésus dit à ses disciples : « Je ne vous appelle plus serviteurs parce que le serviteur ne sait pas ce que son maître fait. Je vous appelle « amis », parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai entendu chez mon Père. »
Devenir « enfants de Dieu », c’est devenir « partenaires » de Dieu. A partir de Noël, Dieu n’est plus un Dieu qu’il faut payer en privations, en sacrifices, en lui passant tous ses caprices : Dieu est un enfant nu dont il faut prendre soin.
Noël, c’est devenu, dans beaucoup d’entreprises, le temps des gratifications.
« Une gratification, dit le dictionnaire, est une prestation généralement versée en fin d’année pour récompenser le travailleur ou la travailleuse pour son engagement ou pour les fidéliser. » Et partant de ces « gratifications », nous nous demandons en quoi nous sommes « méritants » pour obtenir le statut d’enfant de Dieu …. Et si nous obtiendrons la même gratification l’année prochaine ou si – crise oblige – nous serons obligés de faire une croix sur nos gratifications.
On mélange tout. On ne comprend rien.
On ne comprend rien si l’on n’a pas compris que le statut d’enfant de Dieu n’est pas une « gratification », mais une « grâce ». Et que le propre d’une grâce, mais si ça fait terriblement charabias ou patois de Canaan, c’est d’être donné gratuitement, et pour toujours, et renouvelable à l’infini.
Alors, dit Dieu … est-ce qu’on La gratification par contre est une prestation généralement versée en fin d’année pour récompenser le travailleur ou la travailleuse pour son engagement ou pour les fidéliser. fait « schmolitz » ?
Amen.
Texte méditatif
Si tes enfants ne veulent plus aller à la messe de Noël ou au culte de longue veille, ne dis pas « ils n’ont plus la foi ». Dis seulement « ils ne vont plus au culte» ou « ils ne vont plus à la messe » car, qui t’a chargé de déterminer la mesure, le degré de la foi des uns et des autres ?
N’oublie jamais l’Evangile ! C’est devant une païenne de Cananéenne ou un idolâtre Centurion romain que Jésus s’exclame : « Je n’ai jamais vu une foi pareille en Israël ! »
Si ta fille vit avec un copain sans être mariée, ne dis pas « Elle vit dans le péché ». Est-ce toi que Dieu a désigné pour organiser le jugement dernier ?
Si tes petits-enfants ne sont pas baptisés ou ne vont pas au catéchisme, ne dis pas à qui veut l’entendre : « Ils ont rejeté l’Eglise et les sacrements » ! Que sais-tu des rendez-vous secrets que Dieu peut avoir avec tes petits-enfants ?
Mais que je sais que tu souffres de tout cela et que tu risques d’avoir encore plus mal au cours des réunions de famille qui s’annoncent. Alors je voudrais pouvoir éclairer ton regard d’une étoile.
Essaie d’être capable de regarder l’autre comme un enfant de Dieu et non comme un pratiquant, essaie de le voir avec la tendresse de Dieu, de l’écouter comme quelqu’un à aimer et non comme un présumé coupable, c’est le signe le plus concret que Noël est arrivé et que c’est bien vrai que Dieu s’est fait homme.