Nos vies sont trépidantes, agitées trop souvent :
Les fardeaux et les soucis ne nous sont pas épargnés.
Il nous arrive d’être fatigués.
C’est dans ces moments, particulièrement, qu’il est bon de nous arrêter pour un temps de méditation, pour déposer ce qui nous charge : nos fatigues, nos peines, nos soucis…. Et nous laisser accueillir par le Traversant de la mort, le Vivant de Pâques…..
Texte méditatif d’entrée
Puisque c’est de résurrection à une vie nouvelle, d’un éveil à une vie différente qu’il s’agit, voici venu le temps du passage, mieux, de la traversée :
Quitter les rives du connu, de l’image de soi, pour se tenir dans l’espace ouvert entre ton Nom et le Mien, Mère et Père éveilleur de parole !
Briser le cercle des hésitations qui ne mènent nulle part,
Rompre et interrompre la comptine des idées héritées et répétées et
Adopter ton rythme, ton pas, sur le chemin sur lequel tu nous recontres, Fils semeur de fertilité
Dé-tisser le tapis de nos certitudes étroites et nous offrir… et nous ouvrir résolument à ton large Souffle, le Souffle de ton large, Esprit- sourcier de vie…
Texte biblique : Jean 20/1-8
Le premier jour de la semaine, le dimanche matin, à l’aube, alors qu’il faisait encore nuit, Marie de Magdala se rend au tombeau et voit que la pierre qui fermait le tombeau avait été enlevée. Elle court, rejoint Simon Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : Ils ont enlevé le Seigneur et nous ne savons pas où ils l’ont mis. Alors Pierre sortit, ainsi que l’autre disciple, et ils allèrent au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble mais l’autre disciple arriva le premier. Il se penche, voit les bandelettes posées là. Toutefois il n’entra pas. Arrive à son tour Simon Pierre qui le suivait: il entre dans le tombeau et considère les bandelettes posées là et le linge qui avait recouvert la tête, roulé à part, dans un autre endroit. C’est alors que l’autre disciple, celui qui était arrivé le premier, entra à son tour dans le tombeau; il vit et il crut. En effet, ils n’avaient pas encore compris l’Ecriture selon laquelle Jésus devait se relever d’entre les morts. Après quoi, les disciples s’en retournèrent chez eux.
Jean 20/19-22
Le soir de ce même jour, les portes et toutes les issues de la maison où se tiennent les adeptes de Jésus, sont fermées à double tour. Par crainte des autorités juives évidemment. Et voilà qu’un homme se tient au milieu d’eux. C’est Jésus. Il les salue : « shalom sur vous ! »
Après ces simples mots, Il leur montre ses mains et son flanc. Les disciples se sentent remplis de joie devant lui, le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « shalom sur vous ! Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ». Et voilà qu’il souffle sur eux avec ces mots : « recevez le Souffle, le souffle saint ! »
Temps de parole :
La vie, la mort… toujours entremêlées… en général on se désole de la mort et on se réjouit de la vie… Et voilà que Bach nous surprend une fois de plus : chacune des parties de cette cantate se termine par Alleluia: que l’on évoque la victoire de la vie sur la mort… alléluia; mais, que l’on évoque la finitude humaine… alléluia aussi… que l’on évoque la souffrance et la mort du Christ… alléluia encore… que l’on dise notre faiblesse et nos manques… alléluia ! … Avec cette différence tout de même dans la couleur de l’alléluia : doux et tranquille quand il évoque le sombre, éclatant et joyeux quand il rappelle la bonne nouvelle.
Blague à part….
avez-vous déjà ressuscité quelqu’un ? Connaissez-vous la force de votre regard aimant, de votre sourire, de votre geste d’accueil ? ces attitudes simples mais fortes qui ont redonné vie à l’ami abattu, désespéré, chancelant dans son espérance de vie et dont vous avez été le prochain ? Savez-vous que vous êtes capables de rien moins que cela ? Il y a quelque temps, je conversais avec un ami pharmacien … Une collaboratrice appelle le patron en lui disant « il y a un tel qui vous demande… » Le pharmacien me quitte, emmène l’homme encore jeune mais délabré par la drogue dans son bureau et me fait patienter 10 minutes. Je les vois ressortir, le visiteur chancelant et, serrant la main du pharmacien, lui adresse ces paroles : « vous êtes le roi des types, je sais que je peux venir vous parler quand j’en ai besoin… vous me sauvez la vie… » et le pharmacien souriant, de lui répliquer : « oui, oui, mais vous courez chez votre médecin maintenant, vous avez juste le temps et c’est le moment… »
Et blague à part…
avez-vous déjà été ressuscité ? alors que vous étiez au plus bas, sans ressort, rejeté, jugé par d’autres et déjà comme morts ? avez-vous déjà vécu une telle résurrection où un sourire, un geste tendre, un regard vous relève et vous replace dans la vie ?
Christ lag in Todesbanden…. Le Messie gisait, enserré dans les liens de la mort… proclame la cantate de ce soir…
Le tombeau était fermé par une lourde pierre, comme c’était la coutume. La mort, c’est la fin, la mort c’est le tombeau lourdement fermé, définitivement scellé, les bandelettes et les aromates, c’est le point final. Et voilà que la femme trouve ce lieu descellé, la pierre roulée de côté, le tombeau à ciel ouvert… les bandelettes et le linge de visage de côté.
Et le même soir, les amis de Jésus se sont réfugiés dans une maison et sont là, toutes portes fermées à clé – ils craignaient d’être aussi arrêtés. Ils sont à l’abri… oui, mais enfermés… Et voilà qu’ils sont rejoints, au cœur même de leur refuge cadenassé… Rejoints par un vivant qui traverse les murs et franchit les portes verrouillées.
Magie ? non… mystère ou signe ? certainement…
Mais qu’est-ce que cela veut dire sinon que ces signes sont donnés pour affirmer que la mort n’a pas le dernier mot et que ni les bandelettes qui entouraient le cadavre ni la grosse pierre, ni les portes fermées à double tour ne pouvaient retenir la vie relevée qui pulvérise le temps et l’espace.
Oh, il ne s’agit nullement d’un cadavre réanimé – ou comme pour Lazare, vous vous souvenez, un cadavre ressuscité pour un petit supplément de vie. Même que parfois, nous aimerions bien ce petit supplément… cela arrangerait nos plans !
Non, c’est l’affirmation que cette vie-là, celle-là même qui a été crucifiée et à laquelle on a mis un terme sur la croix, cette vie rejaillit ailleurs et autrement et éternellement… Ce souffle qu’on a voulu couper et qu’on a coupé, est redonné et se répand sur les disciples par la bouche même du Traversant de la mort, pour qu’ils deviennent à leur tour, les disciples et nous peut-être à leur suite si nous le voulons bien, des porteurs de vie et d’espérance, qu’ils puissent eux aussi redonner l’espérance là où il n’y a que désespérance et échec, qu’ils deviennent les témoins et les acteurs d’une vie nouvelle possible. « Puisque vous êtes ressuscités… relevez votre regard… » dira Paul …
Si jamais votre chemin croise l’inconnu titubant de la pharmacie, pensez-y… et saluez-le : « shalom sur toi ! » … de la part de Robert …. Et de Jésus… le Vivant, le traversant de la mort…
Amen
Texte final
pour ta vie dans nos cimetières
pour ton souffle dans nos prisons…
pour ta source dans nos déserts
alléluia…
pour ta présence dans nos fuites
pour ta parole dans nos silences
pour ton silence dans le concert de nos paroles
pour ta confiance dans notre incrédulité
alléluia…
pour ta lumière sur nos inquiétudes
pour ta paix dans nos conflits
pour ta résurrection dans nos fractures
alléluia…