Texte méditatif I

Quand on y réfléchit bien,

Dans la vie, les joies sont nombreuses :

Dans l’amour et l’amitié

Dans nos familles

Dans nos créations – même modestes

Dans les arts que nous pratiquons même de façon très amateur

Dans le sport pour certains,

Nous découvrons jour après jour

Mille raisons de nous réjouir.

Et pourtant, il arrive que nos vies restent tristes … pourquoi ?

Nous sommes à Cantate et Parole

Revenons à la musique.

La musique que nous connaissons

S’écrit de manière relativement simple.

Vous prenez une portée – c’est-à-dire 5 lignes tout ce qu’il y a de plus modeste –

Vous y ajoutez une clé,

Une armature – quelques dièses ou quelques bémols –

Vous dessinez ensuite quelques notes

Et c’est fait : un début de mélodie va surgir.

Mais il suffit de supprimer la portée

  • Ces 5 lignes modestes –

Pour que tout flotte dans le vide

Pour qu’il soit impossible de reconnaître la moindre note

Et que la mélodie devienne totalement indéchiffrable.

Dans notre vie, c’est la même chose.

Il arrive que nos joies n’enchantent pas nos journées parce qu’elles sont dans le vide.

Parce qu’elles ne sont posées sur aucune ligne de force.

Parce qu’il nous manque,

Une vue profonde de la vie

Une vue profonde du sens des choses.

Posez une joie sur une vie qui va vers rien,

Elle ne raconte rien.

Posez la même joie sur une vie qui porte une espérance,

Elle chante alors une mélodie.

Texte biblique : Psaume 46

Dieu est pour nous un abri solide et sûr,

il est toujours prêt à nous aider dans le malheur.

C’est pourquoi nous n’avons pas peur,

même si la terre se met à bouger,

si les montagnes tombent au fond de la mer.

Son eau rugit et soulève l’écume,

les vagues de la mer se dressent et font trembler les montagnes.

Mais une rivière coule et réjouit la ville de Dieu,

la plus sainte des habitations du Très-Haut.

Dieu est dans cette ville, elle ne tombera pas.

Le jour se lève, et déjà, Dieu est là pour l’aider.

Des pays rugissent, des royaumes tremblent,

Dieu élève la voix, et la terre disparaît.

Il est à nos côtés, le Seigneur de l’univers,

il nous protège avec puissance, le Dieu de Jacob.

Venez voir les actions du Seigneur,

ce qu’il a détruit sur la terre !

Il arrête les combats jusqu’au bout du monde,

il brise les arcs, il détruit les lances,

il met le feu aux boucliers.

Le Seigneur crie : « Arrêtez et reconnaissez que je suis Dieu !

Je remporte la victoire sur tous les peuples,

je remporte la victoire sur toute la terre. »

Il est à nos côtés, le Seigneur de l’univers,

il nous protège avec puissance, le Dieu de Jacob.

 

Méditation

La Marseillaise de la Réforme

Le 31 octobre, les Luthériens célèbrent en grande pompe l’anniversaire de la Réforme, puisque c’est le 31 octobre 1517 que le moine augustin Martin Luther a placardé sur la porte du château de Wittenberg ses fameuses 95 thèses, des thèses qui condamnaient le trafic des indulgences et qui rappelaient de manière très forte la justification par la foi seule.

Aux yeux de Bach et de son auditoire, les cantates composées pour cette fête ont donc une valeur tout à fait particulière. 

Elles se fondent pratiquement toutes sur un choral emblématique : « Ein feste Burg ist unser Gott », dont les paroles ET la musique sont de Luther et qui est devenu une sorte d’hymne luthérien ou mieux encore, comme l’appelait Heinrich Eine : « La Marseillaise de la Réforme ». Mais une « Marseillaise » inquiétante ….

C’est un rempart que notre Dieu, une solide défense et une excellente armure ;

Range-toi donc, mon âme, sous la bannière ensanglantée du Christ

Crois ferme que ton chef ne t’oubliera jamais.

Oui, que sa victoire te fraie à toi aussi la voie qui conduit à la couronne !

Et attention :

Engage-toi d’un cœur joyeux dans le combat !

Tritt freudig an den Krieg !

Qu’on pourrait aussi traduire par « Marche joyeusement à la guerre ! »

  • Très „va-t’en guerre“, cette Marseillaise.
  • Difficile de s’approprier aujourd’hui.
  • Beaucoup trop proches d’une Eglise triomphante qui n’existe plus du tout.
  • Et peut-être encore pire, n’ayons pas peur des mots : presque proche d’un djihadisme conquérant dont nous déplorons, année après année, les folies.

Alors que dire de ces paroles si on ne veut pas dire – une fois de plus – : heureusement que la musique sauve le tout !!!

  • D’abord, si on reprend le contexte de la Réforme, puis celui de Bach, il faut peut-être se rappeler que que c’était leur manière de se donner du courage.

Et du courage, nous en avons autant besoin, qu’eux.

  • Si je me rappelle constamment que je ne suis que poussière,
  • que mon Dieu n’est rien d’autre qu’un Dieu has been,
  • que les chrétiens ne sont pas meilleurs que les autres,
  • qu’ en terme de religion, tout se vaut … et que les religions ont souvent plus de mal que de bien
  • je finis par tout laisser tomber et je jette au lac.
  • Ensuite, que derrière les ds slogans un peu caricaturaux, il y a aussi les valeurs de la réforme auxquelles nous tenons …

Les valeurs dont nous sommes fiers

  • Nous aimons rappeler que, quelle que soit la forme de vie que nous avons choisie, tout est toujours à reprendre, à recommencer, à réformer …
  • Nous aimons nous rappeler que la foi seule sauve et non la petite comptabilité de nos actions plus ou moins méritoires.
  • Nous aimons nous rappeler que la bible est un puits dans lequel nous pouvons nous ressourcer de manière extraordinaire.
  • Nous aimons nous rappeler que l’amour de Dieu ne se marchande pas… Encore que la tentation est grande parfois …

Vous connaissez l’histoire du pasteur qui va voir un paroissien peu assidu …

Je reviens à la cantate.

Il me semble qu’il y a une troisième raison pour nous accrocher un peu à ce texte.

  • Ce qu’il y a de formidable dans le texte d’une cantate, un texte daté,
  • marqué par une époque,
  • une théologie,
  • une conception de la vie, de la victoire et de la politique,
  • c’est qu’il y a toujours, quelque part, une perle, un trésor, un élément qui transcende tout , un élément universel.

« Ce qui rend le désert beau, dit le petit prince, c’est qu’il cache un puits dans le sable ».

Ce qui rend une cantate belle – même si nous n’adhérons pas à l’ensemble du texte – c’est qu’elle cache quelque part une trouvaille à la fois poétique et théologique qui la dépasse totalement. Et dans cette cantate, il y en a une :  « Ne laisse pas ton cœur, ciel de Dieu sur la terre, devenir un désert ».

 „Laß nicht dein Herz, Den Himmel Gottes auf der Erden, Zur Wüste werden“

Cette phrase est formidable.

Ton coeur, c’est le ciel de Dieu.

Tu n’es pas petit.

Tu n’es pas minable

Tu n’es pas nul.

Ton petit coeur à toi, est beaucoup plus vaste que ce que tu n’imagines.

Ton coeur peut raconter l’immensité de Dieu

Il peut raconter l’infinité de Dieu

Il peut raconter la grandeur de Dieu.

ET si ton coeur est aussi grand que cela

Si ton coeur a un rôle aussi essentiel que cela

Si ton coeur est icône de Dieu

Alors ne le laisse pas devenir désert

Ne le laisse pas se dessécher

Ne le laisse pas mourir.

Ne laisse pas ton coeur devenir sec

Ne laisse pas ton coeur devenir vide

Ne laisse pas ton coeur devenir mort.

Parce que ton coeur est ciel de Dieu.

  • Si ton coeur devient sec par des convictions trop dogmatiques et trop fermées et trop exclusivistes
  • Si ton coeur devient vide parce que tu as perdu le chemin de l’amour des autres
  • Si ton cœur devient désert parce que tu as perdu la faculté de t’émerveiller,
  • Si ton cœur devient mort comme ces carcasses d’arbres ou d’animaux qu’on trouve parfois au désert

Alors ton coeur n’est plus ciel de Dieu.

C’est une invitation pour les chrétiens, bien sûr.

Comment être témoins du Dieu de Jésus-Christ.

Mais c’est aussi une invitation pour les hommes de bonne volonté.

Ne laisse pas ton coeur,

ciel de ce qui te dépasse

devenir un désert.

Parce que c’est toute l’espérance de tes frères et sœurs en humanité

Qui va mourir.

Ne rends pas ton coeur PETIT.

Laisse-le grand ouvert

Et alors ton coeur sera témoin de ce qui transcende les humains

Et les invite à quelque chose de plus grand.

Et pour le coup, avec le texte de cette cantate,

on est bien loin des convictions djihadistes et simplistes

qui réduisent la spiritualité  un combat « pour » ou « contre » ceci ou cela …

On est au contraire face à une invitation à l’ouverture

A l’accueil

Et le « rempart de Dieu », l’« invincible armure » n’est pas d’abord un rempart, une armure contre les autres …, les différents, mais contre nous-mêmes, pour éviter que notre cœur ne devienne un désert.

Amen.

Texte méditatif II

Notre Dieu,

Nous te demandons d’élargir l’espace de nos tentes et de nos vies

Nous te demandons d’avoir un cœur assez désintéressé de lui-même pour que beaucoup d’autres intérêts puissent y nicher leur nid.

Nous aimerions pouvoir

Chanter avec ceux qui rient

Pleurer avec ceux qui souffrent

Songer avec ceux qui rêvent

Agir avec ceux qui transforment

Voir avec ceux qui montrent

Deviner avec ceux qui cachent

Marcher avec ceux qui se lèvent

Camper avec ceux qui s’arrêtent,

Avancer avec ceux qui courent

Souffler avec ceux qui récupèrent.

Souvent,

Nos cœurs

Nos tentes

Nos vies

Ont tendance à se rétrécir

Comme une robe qu’on a trop lavée

Et dont la couleur est passée.

Nos vies s’amenuisent.

Sérieusement, Dieu,

Nous te le demandons :

Elargis-nous

Pour que vieillir ne soit ni s’endurcir,

Ni pourrir,

Mais sans cesse mûrir.

Plante-nous comme du blé qui pousse

Malgré l’ivraie, les orties et les cailloux du chemin.

Plante-nous comme un village au sommet d’une colline,

Un village dont les lumières balisent la plaine

Malgré le vent, le brouillard et l’orage.

Amen.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *