Texte méditatif

La vie humaine est étonnante
Incompréhensible parfois.
Certains jours, le soleil brille et tu ne sais pas pourquoi.
Tu es joyeux.
Tu vois les beaux et les bons côtés de la vie.
Tu ris, tu remercies, tu danses.
Ton travail avance.
Tout le monde est aimable avec toi.
Tu ne sais pas pourquoi.
Tu voudrais faire durer cet instant de paix et de joie profonde
Et d’un seul coup, tout est à nouveau changé.
Comme si un soleil trop brûlant attirait les nuages.
Tu es envahi par une tristesse
Que tu ne peux expliquer.
Tu vois tout en noir.
Tu crois que les autres se désintéressent de toi
La moindre futilité est une occasion pour te plaindre
Pour jalouser, pour lancer des reproches.
Et à nouveau tu ne sais pas pourquoi.
Pourquoi doit-il en être ainsi ?
Parce que l’homme est un morceau de « nature »
Avec des jours de printemps
Et avec des jours d’automne
Avec la chaleur de l’été
Et avec le froid de l’hiver.
Parce que l’homme suit le rythme de la mer :
Marée haute et marée basse.
Parce que notre existence est une continue alternance
De « vivre » et de « mourir ».

Lectures bibliques

L’Esprit Saint aussi vient nous aider, nous qui sommes faibles. Nous ne savons pas prier comme il faut. Alors l’Esprit Saint lui-même prie pour nous, avec des gémissements que la bouche ne peut pas redire. 27Mais Dieu voit le fond des cœurs, il sait ce que l’Esprit veut demander. Oui, l’Esprit Saint prie comme Dieu le veut pour ceux qui lui appartiennent.
(Rom 8, 26-27)

L’Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves qui ont encore peur, mais il fait de vous des enfants de Dieu. Et par cet Esprit, nous crions vers Dieu en lui disant : « Abba ! Père ! » 16L’Esprit Saint lui-même nous donne ce témoignage : nous sommes enfants de Dieu. 17Alors, si nous sommes enfants de Dieu, nous recevrons en partage les biens promis par Dieu à son peuple, et ces biens, nous les recevrons avec le Christ. Oui, si nous participons à ses souffrances, nous participerons aussi à sa gloire.
(Rom 8, 15-17)

Méditation

Aujourd’hui donc, non pas une cantate comme le veut la tradition de « Cantate et Parole », mais un motet. Deux, très exactement, parmi les 6 motets composés par Jean-Sébastien Bach, ces motets superbes finalement peu connus, sauf bien entendu le « Jesu meine Freude ».
On sait bien que la plupart des œuvres de Jean-Sébastien Bach sont des œuvres de commande. Et les motets n’échappent pas à la règle, pour 5 d’entre eux en tout cas.
Vous avez entendu la joie, la légèreté qui se dégage de ce premier motet.
Alors j’ai envie de vous proposer le petit « quizz » suivant : dans quelles circonstances ce motet a-t-il été composé :

1.    Pour le mariage de Bach avec la soprano Maria Barbara ?
2.    Pour l’anniversaire de Guillaume 1er ?
3.    Pour le baptême du 3e fils du prince Leopold d’Anhalt Köthen ?
4.    Pour les funérailles d’un drapier de Leipzig ?

Peut-être les plus avisés parmi vous ont-ils aisément trouvé la bonne réponse … pour ma part, devant un tel questionnaire, je serais tombé dans le piège. J’aurais certainement répondu « un baptême » ou « un anniversaire ». En fait ce motet BWV 226 – comme 4 autres de la série – est une commande pour un service funèbre.
Etrange, non ? Comment concilier une telle joie, une telle légèreté avec la douleur de la séparation et de la mort ?
Peut-être faut-il en chercher la raison dans le texte qui a inspiré la musique de Bach ? Texte puisé directement dans un passage de l’Epitre de Paul aux Romains au chapitre 8 :

« Nous ne savons pas prier comme il faut. Alors l’Esprit Saint lui-même prie pour nous, avec des gémissements que la bouche ne peut pas redire. »

« Nous ne savons pas prier comme il faut ». On se dit « ça, bien sûr, c’est bien du Paul ». « Nous ne savons pas … ». Evidemment ! Chez Paul, on ne sait rien faire. On est toujours incapable. On est toujours pécheur. Tout ce que je fais de bien, c’est Dieu qui le fait en moi et tout ce que je fais de mal, c’est pour ma pomme !  
Et nous reviennent alors en mémoire quelques versets bien connus des Epitres « Après tous les autres, il m’est aussi apparu à moi, l’avorton » (I Cor 15, 8) ; (Question « bonne image de soi », c’est plutôt raté… Où a passé le fameux « aime ton prochain comme toi-même » ?) ;  « Tout ce que tu as, c’est Dieu qui te l’a donné. Et si tu l’as reçu, pourquoi te vanter ? » (I Cor 4, 7) ; « Christ est ma vie et la mort m’est un gain » (Phil I, 21) ; « Le bien que je veux, je ne le fais pas, mais le mal que je hais, je le fais » (Rom 7). Tous les clichés, toutes les images d’Epinal d’un Apôtre Paul torturé… nous reviennent …

Qu’est-ce que ça veut dire « nous ne savons pas prier comme il faut » ? ça veut dire que nous n’avons pas le vocabulaire ? Que nous sommes incapables de demander ce qui est véritablement bon pour nous ? Qu’il y a une manière « comme il faut » de prier… et une manière « pas comme il faut » ?

Essayons d’aller un peu au-delà de cette première réaction spontanée.

« L’Esprit saint prie pour nous avec des gémissement que la bouche ne peut pas redire ». Nous savons bien qu’il existe des réalités exprimables qu’on appelle des « savoirs » et des réalités « in-exprimables » qui sont celles pour lesquelles on ne trouve pas les mots adéquats. Et ces réalités s’expriment alors par des onomatopées, des soupirs ou des gémissements – pas nécessairement des gémissements de douleur bien sûr –  ou des mots qui en soi, ne sont pas très « raisonnables ».

Quand vous êtes amoureux, messieurs, que vous regardez votre belle en lui disant pour la cinquième fois « Yvette », « Mariette », « Marie-Madeleine » ou « Geneviève » … alors qu’elle sait bien qu’elle s’appelle comme ça… et que vous le savez depuis longtemps … et que vous n’êtes pas en train de faire un exercice pratique pour retarder Alzheimer… c’est qu’avec le simple énoncé de ce prénom, vous voulez dire autre chose ! Une parole d’admiration, une parole de tendresse, une parole d’amour … Et c’est exactement la même chose pour vous, Mesdames, lorsque vous dites « Yves », « Bernard » ou « William »…

Quand Paul dit « L’Esprit Saint lui-même prie pour nous »… ce n’est pas pour dire que « l’Esprit Saint » sait comment il faut demander pour obtenir ! Que l’Esprit Saint a la bonne formule ! L’Esprit Saint connaît les rouages administratifs et les cheminements efficaces pour arriver à ses fins … Quand Paul dit que « l’Esprit Saint lui-même prie pour nous », il parle de relation.
La fameuse relation dont parlait Jésus à Nicodème quand il lui disait « Personne ne peut voir le Royaume de Dieu s’il ne naît pas de nouveau » (ou s’il ne naît pas d’en haut). C’est-à-dire, s’il ne considère par le monde, la vie, les autres, en s’inspirant (au sens le plus fort du mot) d’en haut !

Et si on revient un petit peu en arrière dans ce chapitre 8 de l’Epître aux Romains, on trouve quelque chose de très proche :

L’Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves qui ont encore peur, mais il fait de vous des enfants de Dieu. Et par cet Esprit, nous crions vers Dieu en lui disant : « Abba ! Père ! »

C’est quand je suis dans cette relation à Dieu que je cesse d’avoir peur et que je peux lui parler en lui disant tout simplement « Papa ». Oh bien sûr, pour nous aujourd’hui, après 2000 ans de « Notre Père , dire à Dieu « papa », c’est terriblement banal.

Mais à l’époque de Paul, c’était une chose inouïe d’affirmer qu’on pouvait appeler Dieu « papa ».
Une chose extraordinaire de penser qu’on pouvait avoir avec lui une relation d’immédiateté.

Le Dieu de l’Ancien Testament est aussi amour, bien sûr, mais il est surtout Yahvé Tsebhaoth, l’Eternel des armées, le Dieu Tout Puissant, le créateur du ciel et de la terre … Et pour les contemporains païens de Paul, c’est pire encore. Les cultes païens s’adressaient à des forces incontrôlées. Les dieux du panthéon païen étaient particulièrement redoutés. On se demandait toujours quel coup fourré ils allaient faire. On avait peur. Dans une prédication à sa communauté, Saint-Augustin dit à ses paroissiens : « n’ayez pas peur quand vous passez à travers le Forum ». Parce que quand ses paroissiens voyaient dans les parcs ou sur les places publiques les statues de dieux de l’époque, ils voyaient toujours des statues habitées par des démons. Et ils se demandaient ce qui allait leur arriver. Et Saint-Augustin les exhorte : « Ces dieux n’existent pas. Ces dieux vengeurs, mesquins, mauvais, coléreux, cyniques… ne sont que des morceaux de bois ou de pierre … Le seul Dieu qui compte est celui de Jésus-Christ que vous pouvez appeler Papa ».

Evidemment ça change la donne.
Un Dieu qu’on appelle « papa » n’a pas de raison de faire peur. Et si la peur de Dieu disparaît, peut-être alors que la peur de la mort diminue, elle aussi. Et nous retrouvons la réponse à notre question initiale à l’écoute de ce motet.  Pourquoi un motet joyeux ? Parce que la mort n’est plus synonyme de jugement, de règlement, de punition, mais bien de retrouvailles avec le Père.

Amen.

Texte méditatif

Vous savez, dit Dieu, mon royaume n’a jamais eu l’air de rien. Il ne fait jamais de bruit. Mon royaume, c’est le cœur des hommes et des femmes. Et le cœur des enfants surtout. C’est pourquoi, je me demande parfois si vous ne faites pas un peu trop de bruit avec vos célébrations et votre liturgie. Si ce qui se passe à l’intérieur est aussi important pour vous que ce qui se passe à l’extérieur. Je ne sais pas ce que vous en pensez. Il faudrait peut-être y réfléchir.
Avec vos formules, vous passez votre temps à fermer, à verrouiller. Je vous ai donné des clés mais au lieu de vous en servir pour ouvrir, vous passez votre temps à vous en servir pour fermes les verrous.
Vous enfermez les divorcés, vous enfermez ceux qui ne sont pas baptisés, vous enfermez ceux qui ne sont pas en règle … vous les enfermez tous dans le même tombeau. Je veux bien. Mais moi, les tombeaux, je les ouvre.
Moi, j’ai un fils unique. Il s’est assis au bord d’un puits avec une pécheresse publique, il a accueilli une femme adultère et il s’est laissé parfumer les pieds par une prostituée.
Moi, je n’ai peut-être rien à dire, dit Dieu, mais je vois les besoins de mon peuple …

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